La Jeune fille
Supprimé de la liste de Schneider dans l'édition de 2013.
Film mexicain réalisé en 1960 par Luis Buñuel
Avec Zachary Scott, Bernie Hamilton, Key Meersman, Crahan Denton et Claudio Brook .
D'après un roman de Peter Matthiessen, Traveling Man. Matthiessen est surtout connu pour son récit Le Léopard des Neiges, tiré de son expédition dans la région du Dolpo au Népal, à la recherche du mythique animal.
1960. Un Noir, o.k., un Afro-américain (en français, c'est horrible). Accusé injustement du viol d'une Blanche, o.k., une Caucasienne (!!!), pour éviter d'être lynché, se réfugie sur une île près de la côte de la Louisiane (d'après l'écosystème, en fait filmé près d'Acapulco au Mexique). Il n'y a que deux personnes sur cette île : un garde-chasse et sa servante, une jeune fille de 13 ans.
Une violente confrontation raciale s'ensuit dans laquelle le Noir qui, contrairement aux films de l'époque, en impose au raciste blanc qu'il traite de "white trash" à chaque fois que l'autre le traite de "nigger", mot horriblement dépréciatif même s'il est revenu à la mode chez les rappers blacks (ça passe mieux en anglais) d'aujourd'hui. En 1960, le terme acceptée était "colored people".
En parallèle avec ce drame racial, on assiste à la montée de la pulsion sexuelle du garde-chasse vis-à-vis sa petite servante qu'il trouve de plus en plus sexuellement irrésistible. Par de nombreux plans hautement érotiques et fétichistes (souliers à talons aiguilles, jambes nues dans la douche), Buñuel entretient cette tension sexuelle.
Comment Buñuel conciliera ces deux drames? Par un dénouement à la moralité plutôt tordue. Un curé, venu sur l'île pour ramener la jeune fille sur la terre ferme, propose au garde-chasse de fermer les yeux sur ses abus sexuels en échange de la libération du Noir qu'il avait fait prisonnier entre-temps.
Pour un féroce anticlérical comme moi, j'adorais ces situations bunuéliennes dans lesquelles les curés s'en sortaient avec la honte au front et la queue entre les deux jambes comme on dit par chez-nous.
Une superbe chanson au début du film, la seule musique du film d'ailleurs : Sinner Man chantée par Leon Bibb, un folk singer des années 50.
Critique. Cahiers du Cinéma. Septembre 1961. Numéro 123. Que vaisselle soit faite par Luc Moullet.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org
Cannes 1960. Mention spéciale
Visionné, la première fois, en 1969 à la télévision à Québec
Mon 48ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 janvier 2023