30 mars 2025

448. Fellini : Les Nuits de Cabiria

 


Film italien réalisé en 1957 par Federico Fellini
Avec Giulietta Masina (Cabiria), François Périer, Amedeo Nazzari, Aldo Silvani, Franca Marzi, Dorian Gray.
Assistant à l'écriture du scénario : Pier Paolo Pasolini

Les hauts et les bas, plutôt les bas, de la vie de Cabiria, prostituée de son métier, présentés à l'aide de différents tableaux qui se terminent tout le temps par la désillusion. Mais, malgré tout, cette prostituée au grand cœur (archétype) en quête de grand amour et de mariage réussit toujours à renaître après ses échecs jusqu'à la séquence brise-coeur de la finale.

La dernière scène du film, où Cabiria marche en larmes avant de sourire de nouveau à la vie, est l’une des plus iconiques du cinéma. La résilience de Cabiria nous laisse sous une note d'espoir.

Une performance magistrale de Giulietta Masina qui nous présente une prostituée fanfaronne mais qui laisse percer quelquefois la Gelsomina de La Strada. Pour moi, la Gelsomina est toujours présente ce qui fait que j'ai de la difficulté à la percevoir en tant que prostituée à l'instar de ses collègues mais ce qui ne change en rien à sa prestation d'une femme en quête d'authenticité.

Gelsomina ou Cabiria ?

Plusieurs séquences du film se passent dans les terrains vagues de Rome avec, à l'arrière-plan, des immeubles d'habitation neufs ou en construction. C'est ce qui donne une touche de néoréalisme au film ainsi que sa dimension sociale - une vue des classes populaires.

Tourné à Rome et dans ses environs. Une scène se passe sur la célèbre artère Via Veneto que nous retrouverons, quelques années plus tard, dans La Dolce Vita.

Sweet Charity de Bob Fosse est une comédie musicale adaptée des Nuits de Cabiria. Avec Shirley MacLaine.

Oscars 1958. Prix pour le meilleur film en langue étrangère.
Cannes 1957. Deux prix : meilleure actrice à Giulietta Massina et meilleur film à Federico Fellini.
Cahiers du Cinéma. Un des 10 meilleurs films de l'année 1957.

Visionné, la première fois, le 1er avril 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 448ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

28 mars 2025

447. Bertolucci : Le Conformiste

 


Film italien réalisé en 1959 par Bernardo Bertolucci
Avec Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Gastone Moschin, Dominique Sanda, Pierre Clémenti, Enzo Tarascio, Fosco Giachetti
D'après le roman éponyme (1951) d'Alberto Moravia

Un très beau film dûe, en grande partie, à la cinématographie et à la production artistique. Une réussite esthétique qui nous fait vivre une grande expérience émotionnelle.
Quentin Tarantino : ''l'un des films les plus beaux jamais tournés.''

Est-il possible de détester un personnage plus que celui interprété par Jean-Louis Trintignant? Parfait fasciste qui travaille pour la police dont le but est d'éliminer les antifascistes. Je déteste ce personnage qui traine une froideur et une perfection de style qui m'horripilent.

Par ailleurs, en contradiction d'avec le titre du film, une mise en scène pas très conformiste. Un récit non linéaire ponctué de nombreux flash-backs.

J'ai été très emballé par la photographie qui se focalise beaucoup sur les jeux d'ombre et de lumière ce qui ramène, souvent, le récit en arrière-plan de la forme filmique - jouissif.

La petite scène de l'Internationale chantée par des enfants est superflue. Elle est hors-cadre.
Petite insertion ouvrière dans le monde bourgeois du Conformiste.

Un beau moment : la rencontre sensuelle des deux femmes lors d'un séjour dans le Paris de 1938. Inoubliable.

Dominique Sanda et Stefania Sandrelli

Les costumes et les décors sont époustouflants : un vrai plongeon dans le monde bourgeois des années 1930.

Berlin 1970. Deux prix pour le film.

Visionné, la première fois, le 28 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 447ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

24 mars 2025

446. Meirelles : La Cité de Dieu


Film brésilien réalisé en 2002 par Fernando Meirelles
Avec Matheus Nachtergaele, Seu Jorge, Alexandre Rodrigues, Leandro Firmino
D'après le roman éponyme (1997) de Paulo Lins. 

Le film relate une histoire vécue racontée par un des habitants de la favela Cidade de Deus, le romancier Paulo Lins.

Un grand film d'horreur. Un palmarès du meurtre. Le nombre de tués durant ces deux heures de ciné est incalculable. Aucun film de mafioso ni même de Tarantino n'atteint le dixième de ce massacre.

C'est sûr que c'est une prouesse de réalisation. Mettre en scène tous ces petits criminels (acteurs non professionnels formés pour le film) au nombre faramineux est un exploit en soi.

Mais on regrette que toutes ces tueries ne soient pas mises en contexte. Un peu de sociologie des bidonvilles auraient été souhaitable quitte à temporiser un peu les tueries. Bon, c'est peut-être évident pour les spectateurs brésiliens, quoique j'en doute tant il y a une frontière entre les classes pauvres des bidonvilles et les classes des quartiers de la ville.



La scène la plus insoutenable du film : Pour faire partie de la gang, il doit abattre un enfant.

Une conclusion désespérante. Une gang de pré-ados qui remplacent la gang d'adultes morts ou incarcérés pour s'emparer du quartier et qui établissent, déjà, une liste de personnes à abattre.

Un fait bizarre : aucun alcool chez ces gangs de rue. Pas une goutte d'alcool ne coule durant tout le film. Bon, d'accord, la mari et la cocaïne coulent à flot.

Le projet de la Cidade de Deus à Rio de Janeiro date des années 1960. Il devait servir à loger les plus démunis de la ville. Après quelques années, il devint le lieu le plus dangereux de Rio.

Je n'ai pas connu les favelas du Brésil mais j'ai connu, dans une autre vie, les ciudades perdidas (villes perdues) de Mexico. Dans un emploi lors d'un échange d'étudiants Canada-Mexique, je suis allé quelquefois dans ces bidonvilles avec des travailleurs sociaux, des médecins, des dentistes, des avocats qui faisaient tous, bénévolement, une fois par semaine, le dimanche, prestation de leurs services. Ces bidonvilles, établis en pleine ville, étaient entourés de murs de plus de 3 mètres de hauteur afin que les automobilistes qui les contournaient ne puissent les voir. Ces murs ont été construits en préparation des Jeux Olympiques de 1968 pour ne pas effrayer les touristes.

Visionné, la première fois, le 20 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 446ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

20 mars 2025

445. Hitchcock : Vertigo



Film américain réalisé en 1958 par Alfred Hitchcock
Avec James Stewart (Scottie), Kim Novak (Madeleine puis Jude), Barbara Bel Geddes (Midge), célèbre pour sa prestation dans la série télévisée Dallas.
D'après le roman D'entre les morts (1954) de Boileau-Narcejac écrit spécialement pour Hitchcock sans que celui-ci le sache.

Film envoûtant, s'il en est. 

Après un troisième visionnement, je suis toujours un peu ignorant quant au dénouement de ce film. Un meurtre d'accord, quoique pas très clair, mais la chute finale me laisse dubitatif au niveau de la logique. J'ai vu tous les films d'Hitchcock, c'est le plus ambigu et le plus invraisemblable pour moi mais aussi un de ses chefs-d'œuvre.

Un des éléments du film parmi les plus fascinant ce sont les balades que Scottie fait en auto dans les rues de San Francisco. Pendant une vingtaine de minutes, Scottie nous amène à travers la ville de San Francisco nous faisant, entre autre, découvrir une vue imprenable sur le Golden Gate Bridge.

Le Golden Gate Bridge et Madeleine s'apprêtant à sauter dans la baie.

Première séquence du film. Pas surprenant que Scottie soit devenu acrophobe.

On aurait dû se douter que la supposée Madeleine n'était pas l'épouse de celui qui a engagé Scottie pour la suivre. Pourquoi ce doute ? Le code Hayes interdisait de montrer l'adultère ou du moins invitait à le condamner ouvertement. Comme Scottie et Madeleine s'embrassent à qui mieux mieux, elle ne pouvait donc pas être mariée. CQFD. On devrait déjouer Hitchcock sur ce coup.

Une séquence dans le Muir Woods National Monument nous montre Scottie et Madeleine regardant les anneaux de croissance d'un tronc d'arbre sur lequel sont indiqués des faits historiques. Madeleine indique sur le tronc l'époque durant laquelle a vécu son personnage mystérieux, Carlotta Valdes auquel elle s'identifie... nécrophilie.

Lors d'un rêve fait par Scottie, on a droit à une séquence psychédélique digne de l'époque du Flower Power.

J'aime beaucoup le personnage de Midge, l'amoureuse déçue de Scottie, qui est le seul personnage ayant toute sa tête. Malheureusement, elle est sacrifiée dans la deuxième partie du film n'y faisant qu'une brève apparition.

La création de l'effet ''Vertigo''. Pour créer l'effet de vertige le caméraman utilise un zoom avant combiné avec un travelling arrière. On a utilisé l'effet Vertigo dans plusieurs films dont Les Dents de la mer et Le Seigneur des anneaux.

La musique de Bernard Hermann est aussi envoûtante que l'atmosphère qui traverse le film. Une œuvre de concert.

Ah oui ! Que pensez-vous du soutien-gorge en cantilever.....la même architecture que le pont de Québec ?

Je viens de lire le polar de Boileau-Narcejac pour débrouiller la séquence du meurtre et le dénouement final. Paris 1940. Madeleine a les cheveux noirs. Mais Hitchcock n'en a que pour les blondes, donc Kim Novak. Hitch. est très fidèle au roman : le meurtre n'est pas crédible. Une fin différente plus crédible dans le cas du roman. Absence du personnage de Midge dans le roman.

Sur le site ICheckMovies, Vertigo se retrouve sur 42 listes, le 2ème film le plus listé après 2001: A Space Odyssey (44 listes)

Vertigo, c'est aussi une très belle chanson de U2, groupe que j'aime.

Cahiers du Cinéma. L'un des 10 meilleurs films de l'année 1959.

Visionné, la première fois, le 19 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 445ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

15 mars 2025

444. Lloyd : Mutiny on the Bounty

 

Les Révoltés du Bounty

Film américain réalisé en 1935 par Frank Lloyd.
Avec Charles Laughton, Clark Gable, Franchot Tone, Herbert Mundin, Eddie Quillan, Movita Castaneda
D'après le roman éponyme (1932) de Charles Nordhoff et de James Hall.

Histoire d'une mutinerie sur un navire britannique, le Bounty, qui eut lieu le 28 avril 1789.

Je ne me fatigue pas de revoir ce film ou bien la version avec Marlon Brando. J'aime voir monter lentement la haine de l'équipage pour le commandant et la mutinerie conséquente.

De très belles séquences se passant à Tahiti (en fait, l'île Santa Catalina en face de Los Angeles) nous montrant la rencontre des Britanniques avec les jeunes Tahitiennes malgré une vision très stéréotypée des îles du Pacifique. Ce qui me fait penser à la chanson Emmenez-moi de Charles Aznavour dans laquelle il dit : Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil. Que j'ai donc détesté cette phrase qui est vraiment du n'importe quoi. Encore un stéréotype de la farniente du sud qui n'a pas besoin d'argent pour vivre. Dans mon cours sur le sous-développement, il me faisait plaisir de pourfendre cette chanson.

Les mutins, après être retourné à Tahiti, mettent le cap sur une île inconnue de la cartographie de l'époque, l'île Pitcairn. Les habitants, aujourd'hui au nombre de 50, sont des descendants des mutins et de leurs femmes tahitiennes. 

J'aime aussi voir la direction artistique : tous ces agrès et ces grandes voiles qui claquent au vent.

De prime abord, on peut être rebuté par le beau Clark Gable sans sa moustache et jouant un contre-rôle. Mais au fil de l'action, il s'impose.

Par ailleurs Charles Laughton en capitaine Bligh est criant de vérité. Il ne peut pas y avoir plus méchant et plus sadique.

Movita Castaneda qui interprète la jeune tahitienne est une actrice américaine d'origine mexicaine. Elle fut l'épouse de Marlon Brando de 1960 à 1962, année où il convolera avec une vraie tahitienne rencontrée sur le lieu de tournage du Mutiny on the Bounty. Il s'agit de Tarita Teriipaia.

Autres versions :
1916. The Mutiny of the Bounty réalisé par Raymond Longford. 7.7 sur IMDB
1933. In the Wake of the Bounty réalisé par Charles Chauvel. 4.7
Avec Mayne Linton et Errol Flynn.
1962. Mutiny on the Bounty réalisé par Lewis Milestone. 7.2
 Avec Trevor Howard, Richard Harris et Marlon Brando. 
1984. The Bounty réalisé par Roger Donaldson. 7.0
Avec Anthony Hopkins, Mel Gibson et Laurence Olivier

Oscars 1936. Meilleur film

Visionné, la première fois, le 17 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 444ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

08 mars 2025

443. Sturges : Gunfight at the O.K. Corral

 

Règlements de compte à O.K. Corral

Film américain réalisé en 1957 par John Sturges
Avec Burt Lancaster (Earp), Kirk Douglas (Doc), Rhonda Fleming, Jo Van Fleet (Kate), John Ireland, Dennis Hopper, Lee Van Cleef.

D'après le légendaire duel qui mit en scène deux camps opposés dans le O.K. Corral à Tombstone, Arizona le 26 octobre 1881. De multiples versions cinématographiques (au moins sept) ont reproduit ce duel entre le clan Earp (la loi) et le clan Clanton (les hors-la-loi).

Wyatt Earp, un héros civilisateur dans le monde chaotique de la Frontier. Ce film, c'est la glorification d'un mythe.

On a beaucoup parlé de ce duel qui marqua une étape importante dans le développement du western. Duel qui n'a duré qu'une quinzaine de secondes. Le film n'est pas fidèle à la réalité historique en le faisant durer une dizaine de minutes. John Ford disait : ''Lorsque la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende.''

C'est une horreur. Le traitement que Doc Holliday, alcoolique et tuberculeux, fait subir à Kate relève de la pure maltraitance. Une situation dominant-dominée qu'on rencontre assez souvent dans les westerns.

Le kitsch de la chanson-thème, interprétée par Frankie Laine, n'était pas nécessaire mais, comme il arrive souvent au cinéma, la controverse devint culte

Tombstone, à jamais la ville du western comme Monument Valley l'est sur le plan des paysages.

Soulignons, dans des rôles mineurs, la présence de Dennis Hopper, le jeune blanc-bec (Easy Rider) et Lee Van Cleef (films de Sergio Leone).

La meilleure version qui est plus près de la réalité historique : Tombstone réalisé en 1993 par George P. Cosmatos avec Kurt Russell et Val Kilmer

Visionné, la première fois, le 15 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 443ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

05 mars 2025

442. Renoir : La Règle du jeu


Film français réalisé en 1939 par Jean Renoir
Avec Marcel Dalio, Nora Grégor, Roland Toutain, Jean Renoir, Mila Parély, Julien Carette, Gaston Modot, Paulette Dubost.
Inspiré des Caprices de Marianne d'Alfred de Musset et du Mariage de Figaro de Beaumarchais.

Jean Renoir résume bien l'esprit du film dans cette phrase : ''C'est un monde où les gens dansent au bord d'un précipice, sans même le voir.'' On est à la veille du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le tournage ayant commencé en février 1939.

En ouverture, un beau reportage d'époque sur l'arrivée fictive d'un vol transatlantique en solo.

Un bel atelier sur le marivaudage. On pense souvent à Sourires d'une nuit d'été de Bergman. Un bel atelier aussi sur la décadence de la bourgeoisie et de l'aristocratie. 

L'antisémitisme de la bourgeoisie française traverse le film de manière sous-jacente. Quand on parle de Rosenthal, tous s'entendent autour de la table sur sa dépréciation. C'était de bon ton, à l'époque, pour une partie de la population de considérer les Juifs comme des étrangers de l'intérieur.

Le film a été jugé anti-français par la droite et il fut interdit sous Vichy.

La partie de chasse est intolérable à voir, avec nos valeurs d'aujourd'hui.

La profondeur de champ est l'outil privilégié de Renoir pour illustrer les chassés-croisés des bourgeois et des domestiques. L'utilisation de la profondeur de champ frôle la perfection.

Descendu en flammes par la critique officielle lors de sa sortie, il devint, après-guerre, grâce aux cinéphiles, l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma. Pour les membres des Cahiers du cinéma, La règle du jeu marque, à l'instar de Citizen Kane, la naissance du cinéma moderne.

Ce qu'on ne trouve nulle part sauf dans le Dictionnaire du cinéma de Jacques Lourcelles : Renoir a beaucoup emprunté au scénario d'un film d'Yves Mirande, Sept hommes... une femme.

Est-ce que c'est par snobisme de cinéphiles que nous retrouvons régulièrement ce film comme l'un des dix meilleurs films de l'histoire du cinéma?  Pour ma part, il fait partie des 1000 meilleurs films mais certainement pas des 10 meilleurs.

Est-ce utile de savoir que Coco Chanel a dessiné les costumes et qu'Henri Cartier-Bresson était un assistant à la réalisation?

Visionné, la première fois, le 8 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 442ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

22 février 2025

441. Fellini : La Strada


Film italien réalisé en 1954 par Federico Fellini. 
Avec Anthony Quinn, Giulietta Masina, Richard Basehart, Aldo Silvani, Marcella Rovere
Musique : Nino Rota

Belle plongée dans le cinéma néoréaliste italien : décors naturels, pauvreté, pessimisme, un monde tragique. La Strada est un road-movie du pauvre. Juste pour me contredire, les partisans du néoréalisme ont hué ce film lors de l'attibution d'un prix à Fellini lors du Festival de Venise, en 1954.

Gelsomina (Giulietta Masina, l'épouse de Fellini), en agneau sacrifiée. Personnage inoubliable qui me  touche beaucoup. Une ressemblance avec le mime Marceau et aussi avec Charlot.

C'est un peu l'histoire de la Belle et de la Bête qui se passe dans un monde de forains si habituel chez Fellini. La Bête Zampino (Anthony Quinn qui vient de remporter un Oscar dans Viva Zapata!) en homme brutal qui maltraite la pauvre Gelsomina, un peu demeurée et asexuée.

La Bête et la Belle

Ce film, c'est aussi la Belle qui parcourt un chemin de croix.

Sur les mimiques faciales et gestuelles de Giuletta Masina : le personnage du Fou à Gelsomina : Es-tu sûre que tu es une femme? Tu ressembles plutôt à un artichaut.

Une scène touchante, celle du caillou. Le Fou prend dans sa main un caillou et dit que tout objet, si petit soit-il a une signification (ou une destinée) dans la vie. On sent bien que le message est destiné à Gelsomina.

La musique de Nino Rota avec son thème lancinant et triste est un personnage à part entière. C'est ce thème, à la fin du film, qui amène Zampino à ressentir des émotions qu'il n'avait jamais soupçonnées à l'égard de Gelsomina. Fin poignante et tragique.

Ce qui est surprenant c'est le choix des deux acteurs américains pour incarner Zampino et le Fou. Une façon d'entrer dans le marché américain? Mais ça nous sort un peu du néoréalisme qui nous avait habitué à des acteurs non-professionnels ou peu connus.

Ah oui, la moto utilisée est une Moto Guzzi Ercole, un tricycle conçu pour le transport de charges lourdes.

Toujours touché par la belle langue italienne. Mais toujours un peu en colère que ma mère italienne ne me l'ait pas apprise. Dans la ville de Québec de l'époque de mon enfance, il n'y avait pas 1000 Italiens dont on rencontrait une partie, une fois par année, le jour de la Befana, le jour de l'Épiphanie, dans une salle culturelle de la Haute-ville. Pour mes parents, il était inutile d'apprendre l'italien que nous ne pourrions pas pratiquer, de toute façon. Il y a quelque temps, j'ai essayé l'italien sur Duolingo, je me suis vite désintéressé.

Oscars 1957 : Meilleur film en langue étrangère
Venise 1954 : Deux prix à Federico Fellini
Cahiers du Cinéma 1955 : Un des 10 meilleurs films de l'année

Visionné, la première fois, le 5 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 441ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

19 février 2025

440. Bresson : Pickpocket

 

Film français réalisé en 1959 par Robert Bresson.
Avec Martin LaSalle, Marika Green, Jean Pélégri
Inspiré du roman de Dostoïevski Crimes et châtiment.

Film minimaliste qui peut en rebuter plusieurs. Il faut s'y faire, on est chez Bresson : une œuvre originale qui demande au spectateur de s'impliquer.

On dit de L'Étranger d'Albert Camus que c'est une écriture blanche. Pourrait-on transposer cette assertion à l'œuvre de Robert Bresson et, en particulier, à Pickpocket : un langage blanc ? On pourrait poursuivre le parallèle, cette fois-ci, entre deux personnages : Michel et Meursault. Les deux sont impassibles devant les autres et les deux restent de glace face à leur arrestation. Mais la dernière séquence de Pickpocket arrête ce parallèle.

Des acteurs amateurs qui ont appris à réciter le texte recto tono, sans émotion. Bresson leur interdisait d'acter quitte à répéter cinquante fois une scène afin d'arriver à cette prestation sans couleur.

Des émotions, Michel le pickpocket n'en a qu'à deux reprises.

L'attitude de soumission - tête toujours penchée - de Jeanne (actrice de 16 ans) est questionnable. Pourquoi Bresson la fait-il jouer de cette façon ?

La voix off me fait penser à celle de François Truffaut. Façon de faire que l'on retrouvera souvent dans les films de la Nouvelle vague.

Comme pour les films de la Nouvelle vague, abandon du studio et tournage en extérieurs. Les rues, le métro de Paris ainsi que la gare Saint-Lazare. Truffaut tournait au même moment Les 400 coups dans les rues de Paris.

Apparition dans le métro d'un des figurants les plus célèbres du cinéma français, Dominique Zardi. Figurant dans plus de 600 films et téléséries de 1946 à 2009. Figurant fétiche de Claude Chabrol.

Je trouve le texte du prologue, avec son contenu pédagogique, assez ennuyant.

Marika Green et Martin La Salle. Un final en forme de rédemption : l'amour l'emporte. 

Cahiers du Cinéma. Dans la liste des dix meilleurs films de l'année 1959.

Visionné, la première fois, le 4 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 440ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

14 février 2025

439. Milestone : All Quiet on the Western Front

 

À l'Ouest, rien de nouveau

Film américain réalisé en 1930 par Lewis Milestone.
Avec Louis Wolheim, Lew Ayres (Paul), John Wray, Arnold Lucy, Ben Alexander, Scott Kolk
D'après le roman éponyme (1929) de Erich Maria Remarque

Grand film pacifiste traitant de la Grande Guerre. L'acteur principal, Lew Ayres, 22 ans, est devenu pacifiste suite à sa prestation. Il est même devenu objecteur de conscience lors de la Seconde Guerre mondiale, s'engageant plutôt comme infirmier.

Grand film pacifiste en temps de paix. Mais ce film n'aurait jamais été réalisé durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, aucun film prônant la paix n'a été produit pendant cette période.

Les Nazis ont très mal pris cette production cinématographique. Ils se sont opposés fermement aux représentations en Allemagne.

La première séquence dans laquelle le professeur encourage ses étudiants à s'engager dans l'armée allemande est assez délirante : l'art de fabriquer de la chair à canons.

La trame du film décrit l'itinéraire parcouru par une dizaine de soldats, de l'école à la mort. On partait pour la gloire, on arrive dans la désillusion : faim, angoisse, panique, folie et agonie. 

Une séquence marquante : la rencontre de Paul avec un soldat français qu'il vient de tuer. Il découvre en prenant son carnet militaire qu'il est un homme comme lui avec une famille qui l'attend. Alors, Paul promet, qu'après la guerre, il ira voir sa femme pour la consoler.

Pour 1930, les scènes de bataille sont enlevantes et très réalistes.

Le film se termine par un plan poignant où l'on voit la main d'un soldat, Paul, qui s'approche pour prendre un papillon et qui, après un coup de feu, se fige à jamais.

Autres versions
1979. Un film pour la télévision dirigé par Delbert Mann avec Richard Thomas, Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Ian Holm.
2022. Dirigé par Edward Berger.

Une suite : The Road Back réalisé en 1937 par James Whale. 

Oscars 1930. Meilleur film et meilleure réalisation

Visionné, la première fois, le 2 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 439ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.


10 février 2025

438. Hawks : The Big Sleep


Le Grand sommeil

Film américain réalisé en  1946 par Howard Hawks.
Avec Humphrey Bogart (Philip Marlowe), Lauren Bacall (Vivian), John Ridgely, Martha Vickers, Dorothy Malone
Adaptation de William Faulkner du roman éponyme (1939) de Raymond Chandler. C'est le premier roman mettant en scène Philip Marlowe, célèbre détective privé.

Film noir à la narration opaque. Essayer de s'y retrouver dans le déroulement de l'intrigue est peine perdue. C'est la deuxième fois que je voie ce film et je ne réussis toujours pas à comprendre de quoi il en retourne et surtout qui a tué qui. Aussi, il est difficile de comprendre comment la police n'est pas impliqué dans l'enquête entourant ces multiples meurtres. Même le romancier Chandler répondait au réalisateur à propos de l'intrigue qu'il n'en avait aucune compréhension.

Il faut voir ailleurs. Cet ailleurs c'est l'immense plaisir de voir évoluer Bogart et Bacall, pour moi le plus grand intérêt du film. Au passage, ils se marièrent six mois après le tournage.

Première image du générique : Bogart et Bacall s'allumant une cigarette. Soixante ans de campagne contre le tabac m'ont conditionné à trouver cette image déplaisante.

Un bout de dialogue :
    La blonde bibliothécaire : Vous ne ressemblez pas à un collectionneur de premières                 éditions.
    Marlowe : Je collectionne aussi les blondes en bouteille.

Le célèbre couple Bogart-Bacall dans un des quatre films qu'ils ont tournés ensemble.
Dans le plan précédent, un beau passage érotique quand Bogart demande à Bacall de se gratter la cuisse, ce qui n'a rien à voir avec le déroulement de l'action, évidemment.

Beaucoup de sous-entendus à caractère sexuel entre les deux vedettes parsèment le film. Lentement, Marlowe et Vivian vont tomber amoureux l'un de l'autre ce qui constitue un développement en parallèle avec l'intrigue policière.

Marlowe, le tombeur de ces dames. Une séquence échappe au code Hays : celle de la rencontre entre Marlowe et la libraire (Dorothy Malone). Tous les signes (elle enlève ses lunettes, détache ses cheveux et ferment la boutique) montrent que les deux passent un bon moment ensemble et font un pied de nez aux censeurs.

Bogart consomme beaucoup de whisky comme souvent dans ses films. Il en est mort (cancer de l'oesophage). Il aurait dit avant de mourir : Je n'aurais jamais dû abandonner le whisky pour le martini (apocryphe).

Probablement, le seul film noir dans lequel l'on mentionne Marcel Proust.

Autre version : The Big Sleep réalisé en 1978 par Michael Winner. Avec Robert Mitchum, Sarah Miles, Joan Collins et James Stewart. 5.8

Visionné, la première fois, le 26 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 438ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.


08 février 2025

437. Hitchcock : Rebecca



Film américain réalisé en 1940 par Alfred Hitchcock.
Avec Laurence Olivier (Mr. de Winter), Joan Fontaine (Mrs. de Winter), George Sanders, Judith Anderson (Mrs Danvers), Gladys Cooper, Florence Bates
D'après le roman éponyme (1936) de Daphne Du Maurier

Premier film d'Alfred Hitchcock réalisé en Amérique mais dont l'intrigue se passe en Grande-Bretagne.

Un choc: Hitchcock, en entrant dans le système des grands studios d'Hollywood, doit abandonner une grande part de son autonomie. Le réalisateur, à Hollywood, est un ouvrier comme les autres, sauf pour les grands noms. Les scénaristes et le producteur (qui a la dernière main sur le montage) ont préséance sur le réalisateur. Hitchcock s'adaptera à ce système en développant sa manière à lui de le contourner. 

Un prologue en forme d'épilogue. Une femme sans nom (comme le personnage de Joan Fontaine qui n'a que le nom de son mari) voit en rêve le château qu'elle habitait des années auparavant mais qui n'est plus qu'une ruine.

Trois parties dans ce film :
La 1ère partie se déroule sur la Côte d'Azur à Monte Carlo et ses environs. Soleil, humour et début d'un amour; on semble parti pour un Hitchcock inattendu du côté de la bonne humeur. Mais on ne perd rien pour attendre. La deuxième partie nous plongera dans un univers gothique. Au passage, le personnage joué par Florence Bates aurait fait une parfaite victime pour l'oncle Charlie dans Shadow of a Doubt.

2ème partie. Après le voyage de noces, le couple de Winter rentre à la maison - en fait un immense château fictif, Manderley, isolé au bout du monde à Cornwall (Cornouailles), pointe sud-ouest de la Grande-Bretagne. Commence alors la partie la plus formidable du film avec la terrible Mrs Danvers : mystère, inquiétude, terreur, paranoïa. Pauvre Mrs. de Winter (la menue Joan Fontaine est parfaite dans ce rôle), perdue dans cet atmosphère gothique et baignant dans un univers qui n'en a que pour Rebecca, l'ex-épouse de Mr. de Winter, disparue dans un accident nautique.

3ème partie. Le dénouement : un peu tordu, peu convaincant. Pour avoir une fin hollywoodienne, le producteur n'a pas respecté la fin du roman qui était plus sombre.

L'effrayante Mrs. Danvers. Judith Anderson

Un non-dit que la censure n'a pu oblitérer : l'amour de Danvers pour Rebecca.

L'image du château fictif, Manderley, a été construite à partir de maquettes miniatures et de l'utilisation de ''matte paintings''. On dit qu'il a inspiré le château Xanadu de Citizen Kane.


Oscars 1941. Meilleur film (le seul Oscar dans cette catégorie remporté par Hitchcock) et meilleure cinématographie à George Barnes

Visionné, la première fois, le 23 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 437ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

05 février 2025

436. Capra : It's a Wonderful Life

 

La Vie est belle

Film américain réalisé en 1946 par Frank Capra. 
Avec James Stewart (George Bailey), Donna Reed, Lionel Barrymore (Potter), Thomas Mitchell, Henry Travers, Gloria Grahame, Beulah Bondi
Tiré de la nouvelle The Greatest Gift de Philip Van Doren Stern.

Un classique de Noel avec un personnage (Potter) qui nous rappelle Scrooge du conte de Noel de Dickens. Ce fut un flop à sa sortie. C'est dans les années 1970 que ce film devint le favori des films de fin d'année qu'on regarde, idéalement, emmitouflé près d'un feu de foyer.

Capra cherchait une histoire qui répandrait un baume chez les spectateurs qui en avaient bien besoin au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Quand il découvrit, par hasard, la nouvelle de Van Doren Stern, il fut électrisé. 

Le lotissement de maisons individuelles de la compagnie de George Bailey préfigure le mouvement de suburbanisation qui déferlera sur l'Amérique dans les années 1950. 

Lors de sa tentative de suicide, George Bailey est sauvé par son ange gardien qui lui fait voir la vie désastreuse de son patelin qui deviendrait Pottersville (une ville dans la déchéance) s'il n'était jamais né. On ne peut pas faire autrement que de penser à Back to the Future II où l'on voit la vie comme elle aurait été si Biff Tannen avait mis la main sur le livre des résultats sportifs du futur.

Le message de l'ange gardien : ''One man's life touches so many others, when he's not there it leaves an awfully big hole,''

James Stewart est incontournable dans ce rôle de grand dadais philanthropique. Mais la manie de faire l'âne chez lui et chez ses collègues d'étude me tombe royalement sur les nerfs. Cette manie se retrouve dans un autre film que j'ai vu il y a longtemps et dont j'oublie le titre. Le collège américain où les étudiants imitent l'âne est le College of William and Mary en Virginie.

On peut voir ce film comme un conte qui  veut souligner la solidarité de tous les humains.

De grâce, évitez la version colorisée qui enragea Capra et Stewart.

Autre version : It Happened One Christmas réalisé en 1977 par Donald Wrye  avec Orson Welles dans le personnage de Potter. 6,0

Visionné, la première fois, le 21 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 436ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

03 février 2025

435. Hitchcock : Rope


La Corde

Film américain réalisé en 1948 par Alfred Hitchcock.
Avec James Stewart, John Dall, Farley Granger, Cedric Hardwicke, Constance Collier, Joan Chandler
D'après la pièce Rope's End (1929) de Patrick Hamilton 

Un huis clos claustrophobique. Une pièce de théâtre qui respecte les règles classiques: unité de temps, de lieu et d'action. Tout ça serait un peu rasoir s'il n'y avait eu le génie scénique d'Hitchcock. On ne regarde pas ce film pour l'histoire mais pour sa mise en scène.

L'histoire est basée sur cette assertion: Les élites ont-ils le droit de vie ou de mort sur des êtres inférieurs. Un peu de Nietzsche à la rescousse peut être utile. Dans le cas de cette histoire peut-on parler d'un meurtre esthétique ?

Prouesse technique: Onze plans-séquence de moins de dix minutes (la capacité d'un magasin de pellicule) avec plusieurs raccords à partir du dos d'un protagoniste; si bien qu'on pourrait croire que le film a été tourné en un seul plan. À l'opposé, la réalisation de The Birds est constituée de 1360 plans. 

La caméra qui circule dans ce grand appartement new-yorkais pourrait être considéré comme le personnage principal du film.

On se demande comment le code Hayes a pu laisser passer cette histoire de deux homosexuels qui tuent un de leur ami par plaisir esthétique. Cary Grant et Montgomery Clift (gais dans le placard) avaient bien saisi que le couple de l'histoire était gai. Ils ont refusé l'offre de Hitchcock de jouer le rôle des deux meurtriers.

James Stewart a toujours cette allure de gars qui a de la difficulté à accepter sa grande taille. Il est toujours un peu penché.

Plusieurs références filmiques : James Mason, Cary Grant, Ingrid Bergman (clin d'œil à Notorious) et Mary Pickford.

Autre traitement de ce vrai fait divers par Richard Fleischer dans le film Compulsion réalisé en 1959. Avec Orson Welles. Ça semble valoir le détour d'après IMDB 7,4

Visionné, la première fois, le 19 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 435ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

01 février 2025

434. HItchcock : Shadow of a Doubt

 

L'Ombre d'un doute

Film américain réalisé en 1943 par Alfred Hitchcock.
Avec Teresa Wright (Charlie, nièce), Joseph Cotten (Charlie, oncle), Macdonald Carey, Henry Travers, Patricia Collin, Hume Cronyn (a joué dans 90 films)
Au scénario, le grand dramaturge américain Thornton Wilder. Hitchcock est fier de voir un grand du monde littéraire s'associer à son oeuvre. C'est un peu comme une consécration de son travail. 

Film préféré de Hitchcock. On se demande bien pourquoi, vues les grandes œuvres de sa production.

Ouverture : un bal de la haute bourgeoisie avec en musique de fond la fameuse valse de Franz Lehar, Merry Widow, en dissonance.  La table est mise pour une histoire dramatique. Évidemment, on s'en doutait un peu en voyant le nom du réalisateur dans les crédits du film.
On retrouvera tout au long du film cette musique en leitmotiv.

Dans les premières séquences, l'arrivée du train en gare entourée d'une épaisse fumée noire ne signifie-t-elle pas l'arrivée du Diable (Cotten incarne le parfait personnage du Diable, sa carrière en sera marquée à jamais) comme le suggère Truffaut ? (Dans le livre  Truffaut-Hitchcock).  Le réalisateur acquiesce.

L'arrivée du train en gare est autrement plus polluante que celle des frères Lumière. Terrible ces locomotives qui fonctionnaient au charbon. Je me rappelle que dans mon enfance nous habitions, à Québec, près d'une voie ferrée. L'hiver, après le passage d'un train, la neige était criblée de points noirs (particules fines provenant de la combustion du charbon) - et alors, nos poumons ? 

Joseph Cotten et Teresa Wright. L'ombre d'un doute s'installe quand  elle se rend compte qu'il y une dédicace qui ne s'adresse pas à elle à l'intérieur de la bague. Cette bague qu'il entre dans le doigt de l'annulaire droite souligne le désir incestueux de l'oncle Charlie. Également, désir inavoué de la jeune fille pour son oncle.

Très comiques, les séquences entre le père de la jeune Charlie et son ami (Hume Cronyn) qui discutent de la meilleure façon de commettre un crime parfait ignorant que circule parmi eux un tueur de veuves parfait - un autre meurtrier écope de ses crimes.

Après la mort affreuse de l'oncle Charlie (qui aurait dû être la fin du film), il est un peu dommage qu'on ait ajouté une séquence pour faire une belle et satisfaisante conclusion.

Tout le tournage se fait en décor naturel dans la petite ville de Santa Rosa en Californie. La fille de Hitchcock explique pourquoi son père préférait ce film : '' C'était parce qu'il aimait introduire le danger dans une petite ville. ''

Visionné, la première fois, le 19 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 434ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

31 janvier 2025

433. Huston : The Asphalt Jungle



Quand la ville dort

Film américain réalisé en 1950 par John Huston.
Avec Sterling Hayden, Louis Calhern, Jean Hagen, James Whitmore, Sam Jaffe, John McIntire, Marilyn Monroe dans un petit rôle.
D'après le roman éponyme (1949) de W.R. Burnett

Quand Marilyn sera connue, la nouvelle affiche du film n'en aura que pour elle avec les symboles phalliques en arrière-plan. (Aucun gratte-ciel dans le film)

Film noir classique. Tous les éléments y sont, même la stupide blonde (pauvre Marilyn).

La ville d'après-guerre est présentée comme une jungle pour les gangsters.

On reprocha à Huston de trop valoriser les personnages du monde interlope ce qui en fait son originalité par rapport aux films de bandits traditionnels.

Quelques séquences qui retiennent l'attention :

1. La scène de fétichisme où le vieux beau (Louis Calhern) caresse avec passion un soulier de sa maitresse (Monroe). 

2. La scène dans le café où le chef de gang (Sam Jaffe) regarde danser une jeune fille au corsage envoûtant (pour lui évidemment, pas pour nous !) ce qui le mènera à sa perte.

3. L'hooligan (Hayden) qui vient mourir parmi les chevaux dans la ferme de son enfance. On laisse entendre que l'exécution de son cheval favori par son père durant son adolescence l'aurait tout droit mené vers le monde interlope. Cette séquence est la seule diurne et non-urbaine.

Trois versions :
The Badlanders (1958) réalisé par Delmer Daves. 6.4
Cairo (1963) réalisé par Wolf Rilla. 5.5
Cool Breeze (1972) réalisé par Barry Pollack. 5.4

Venise 1950. Meilleur acteur à Sam Jaffe

Visionné, la première fois, le 18 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 433ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

30 janvier 2025

432. Mann : The Naked Spur


L'Appât

Film américain réalisé en 1953 par Anthony Mann. 
Avec James Stewart, Janet Leigh, Robert Ryan, Ralph Meeker, Millard Mitchell

Un western en forme de road movie qui se passe dans les paysages du Colorado.  Puisque la rançon de 5000$ c'est pour ramener le bandit mort ou vif, pourquoi ne pas le tuer à la première occasion, ce qui aurait ramener le film à 20 minutes avec tous les éléments d'un bon western. 

Un western honnête, sans plus. La psychologie des personnages est assez convenue : le bon, le méchant (Robert Ryan, en crapule comme d'habitude) et l'appât sous la forme de Janet Leigh.

Une rencontre avec des autochtones nous ramène au bon vieux far-west où un bon Indien est un Indien mort.

Pas de héros dans ce film. Le personnage de Stewart n'atteint une certaine rédemption qu'à la dernière séquence du film.

Certains critiques parlent d'une tragédie classique poussant même la comparaison avec Racine ce qui me semble être fortement exagéré.

Anthony Mann a réalisé cinq westerns avec James Stewart.

Visionné, la première fois, le 16 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 432ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

05 janvier 2025

431. Ford : The Searchers


La Prisonnière du désert

Film américain réalisé en 1956 par John Ford.
Avec John Wayne (Ethan Edwards), Jeffrey Hunter, Vera Miles, Ward Bond, Natalie Wood, John Qualen, Henry Brandon, Beulah Archuletta
D'après le roman de Alan Le May

Considéré comme un des meilleurs westerns américains de tous les temps avec la présence de John Wayne, à jamais the western Cowboy.

Convention : Les Indiens brulent, violent et tuent ce qui jette la haine au cœur de l'homme blanc qui cherchera vengeance. Le Blanc Ethan Edwards résume dans sa personne le racisme systématique envers les Indiens, qu'on appelait dans mon enfance les Sauvages avant de devenir Indiens, puis Amérindiens, puis Autochtones, puis Premières-Nations, appellation la plus acceptable aujourd'hui avant qu'elle ne devienne, éventuellement désuète à son tour.

Premier plan : Une femme à contre-jour dans l'embrasure de la porte (frontière entre la civilisation et la nature sauvage) avec, en arrière-plan, le paysage le plus mythique des westerns américains : les Mittens de Monument Valley du désert de l'Arizona. À couper le souffle. Je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé tout de suite à Once Upon a Time in the West de Sergio Leone

Chevauchée dans la Monument Valley au pays des Mittens,
formation géologique du désert d'Arizona

Une belle occasion de voir, dans un petit rôle, Natalie Wood à 18 ans : La fille enlevée par les Comanches et éduquée par ceux-ci avant de retourner chez les siens

En réplique au plan initial, le dernier plan où l'on voit John Wayne 
partant pour une autre aventure au pays de Monument Valley

John Wayne, en cowboy bourru et solitaire, est à son meilleur. Il sauve son image de personne bienveillante à la toute fin du film lorsqu'il sauve Debbie, retrouvée chez les Comanches.

Un mystère demeure. Qu'a fait Ethan entre la fin de la Guerre de Sécession et son arrivée, trois ans plus tard, à la maison de son frère ? Ce qui nous amène à un autre non-dit : Les sentiments amoureux d'Ethan pour la femme de son frère.

Avant tout, j'aurais dû écrire qu'un des personnages importants du film est le paysage.

Tout ça étant dit, ce  film mérite-t-il d'être classé au cinquième range des meilleurs films de tous les temps par la très célèbre revue Sight & Sound ? À vous de voir. Moi, non. Pour moi, le plus grand western demeure Once Upon a Time in the West pour le scénario, la photographie et le personnage joué par Henry Fonda.

Visionné, la première fois, le 15 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 431ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.