1001 films de Schneider : Cendres et diamants
Film polonais réalisé en 1958 par Andrzej Wajda
Avec Zbigniew Cybulski, Ewa Krzyzewska, Adam Pawlikowski
Le cinéma de l'Europe de l'Est dans les années 50, c'est d'abord le cinéma polonais. Et parmi les cinéastes polonais, Andrzej Wajda sera le pionnier qui ouvrira les portes à cette nouvelle cinématographie, ignorée jusque-là à l'Ouest.
Le cinéma de l'Europe de l'Est dans les années 50, c'est d'abord le cinéma polonais. Et parmi les cinéastes polonais, Andrzej Wajda sera le pionnier qui ouvrira les portes à cette nouvelle cinématographie, ignorée jusque-là à l'Ouest.
Le 8 mai 1945, jour de la reddition de l'Allemagne nazie, c'est la fin de la guerre en Europe de l'Ouest. Mais, en Pologne, une autre bataille prend forme : la lutte entre les résistants nationalistes et les communistes appuyés bientôt par le régime soviétique. C'est dans ce contexte que se déroule Cendres et diamants sur une période de 24 heures du 8 au 9 mai 1945.
Mais ce n'est pas dans le traitement du contexte politique de cette période que réside l'intérêt de ce film. C'est le parcours chaotique de Maciek (Zbigniew Cybulski) au cours de cette nuit de festivités qui nous intéresse. Ce personnage, totalement antipathique au début du film, devient de plus en plus attachant au cours de cette nuit où tout se joue pour lui.
Cybulski défonce littéralement l'écran. Avec sa dégaine à la James Dean (dont il a vu le film Rebel Without a Cause, à Paris) , ses cheveux gominés et ses lunettes noires, il se démarque totalement de tous les autres personnages qui, eux, vivent en 1945, alors que lui est un jeune adulte à la mode de 1956. Il est bien clair qu'attifé de cette façon, Maciek ne peut pas être un résistant polonais de 1945. Cet anachronisme qui pourrait enlever de la crédibilité au film ne gêne pas : la performance de Cybulski est telle qu'on oublie cet accroc à l'histoire.
Des scènes fortes et inoubliables (ça c'est de la rhétorique parce que je ne me souvenais absolument pas de ce film que j'avais vu au ciné-club de Radio-Canada, il y a 40 ans!), foisonnent tout au long du film : la scène de tendresse et de désespoir entre Maciek et la serveuse du bar; ces deux-là discutant dans une église dévastée, séparée par un immense crucifix, la tête en bas; le commissaire, tué par balle qui vient mourir dans les bras de son assassin (Maciek) alors que les feux d'artifice commémorant la fin de la guerre fusent dans le ciel; la danse de mort de Maciek dans le dépotoir qui marque la fin du film.
Wajda dit qu'il a été beaucoup influencé par les films policiers américains, ce que nous appelons le film noir. Il salue Asphalt Jungle de John Huston en faisant intervenir d'une manière un peu surréaliste un cheval blanc au milieu de la nuit. Référence à la fin tout à fait époustouflante de Asphalt Jungle où l'on retrouve la mort du personnage principal au milieu d'un champ entouré de chevaux.
Tour de force : Dans un film polonais traitant de la 2ème guerre mondiale, il n'y aucune mention du génocide juif, ni de l'élimination du ghetto de Varsovie.
Zbigniew Cybulski, acteur lancé par Wajda, fut comparé à James Dean. Sa carrière fut également écourtée quand il tomba sous un wagon de train en marche. Il n'avait que 39 ans.
Critique : Cahiers du Cinéma. Décembre 1959. Numéro 102. Striptease polonais par Louis Marcorelles.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org
Venise 1959. Prix de la critique internationale.
Visionné, la première fois, en 1967 à la télévision à Québec
Mon 22ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mon 22ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 30 janvier 2023