Avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg.
Cette photo n'est pas qu'une photo, c'est l'emblème d'une révolution : la "Nouvelle Vague". Il faut voir et entendre Jean Seberg au milieu des Champs-Élysées crier : New York Herald Tribune. Un vrai direct au cœur.
Bergman et Antonioni viennent de mourir, le même jour, le 30 juillet 2007; une partie de mes plus grandes expériences émotionnelles de cinéma meurt un peu avec eux. Bergman et Antonioni, ce sont des dizaines de soirées passées dans les années 60 à regarder leurs films sur le petit écran en noir et blanc au ciné-club de Radio-Canada.
Revenons à Godard qui casse carrément la baraque du "cinéma-de-papa" en nous jetant à la figure ce polar de série B revu et corrigé par les 2 jeunes loups de la Nouvelle Vague (Truffaut a collaboré au scénario). Un film qui n'a pas pris une ride si on peut oublier les tics de Belmondo dont le narcissisme est à la limite du supportable.
La longue séquence dans la chambre d'hôtel entre Belmondo et Seberg est d'une telle nouveauté que les spectateurs qui avaient été attirés par cette histoire de voleur ont dû en être restés complètement abasourdis.
Nouvelle Vague : terme inventé par la journaliste Françoise Giroud dans L'Express du 3 octobre 1957 mais appliqué au cinéma par Pierre Billard, en février 1958, dans un article de la revue Cinéma 58.
À bout de souffle est le troisième film de la Nouvelle vague après Le Beau Serge de Claude Chabrol (1958) et Les Quatre coups de François Truffaut (1959).
Autres réalisateurs associés à cette école : Jacques Rivette, Éric Rohmer, Jacques Doniol-Valcroze et Alain Resnais. On ne peut pas séparer la Nouvelle Vague de la revue Les Cahiers du Cinéma où la plupart des réalisateurs de cette école ont été critiques dans les années 1950.
Dès leur premier film, ils ne peuvent résister à y inclure des tonnes de références cinéphiliques. Godard s'en donne à cœur joie : on y voit un numéro des Cahiers du cinéma, Humphrey Bogart, une affiche de Hiroshima, mon amour, une séquence du film Westbound de Budd Boetticher vue par Belmondo et Seberg. De plus, Godard invite une bonne partie de sa gang des Cahiers ainsi que lui-même à figurer dans le film.
Ce film est un assemblage réussi de cartes postales de Paris. Tous les lieux communs du "Gay Paree" y sont rassemblés : décevant. Je préfère, de loin, le Paris présenté par Truffaut dans Les 400 coups; triste, gris, collé à la vie quotidienne.
Jean Seberg, restera à jamais associée à la naissance de la Nouvelle Vague par l'entremise du film de Godard. Elle ne réussira jamais à atteindre à nouveau une telle prestation pendant le reste de sa carrière qui sera complètement charcutée par des problèmes avec le F.B.I., des échecs matrimoniaux, le décès de sa fille à la naissance, l'alcool et les barbituriques. Elle se suicidera ou sera assassinée en 1978 (le mystère perdure). Elle avait 40 ans.
En 1983, Jim McBride a fait un remake de À bout de souffle, Breathless, avec Richard Gere et Valerie Kaprisky. Je n'ai pas vu ce film. Que Dieu m'en protège; j'ai tellement horreur des remakes à la sauce américaine. 9658 votants de IMDB lui ont donné 5,9/10. Merci à vous tous de confirmer ma phobie des remakes.
Pendant une grande partie des années 60, Belmondo fut mon acteur préféré. Son ego surdimensionné faisait mon admiration, moi dont l'adolescence était plutôt timorée et ombrageuse.
Critique : Cahiers du Cinéma. Avril 1960. Numéro 106. Jean-Luc Godard par Luc Moullet.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org
Berlin 1960 : Ours d'argent
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1960
Visionné, la première fois, à la télévision à Québec, en 1969
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Mis à jour le 15 janvier 2023