Les Raisins de la colère
Avec Henry Fonda (Tom Joad), Jane Darwell, John Carradine
Adapté du roman de John Steinbeck qui lui a valu le prix Pulitzer (le Goncourt américain) en 1939.
Bon sens que la réalité socio-politique était simple à analyser à cette époque-là.
Petit résumé du film : D'un côté les bourgeois exploiteurs à la grosse berline et au gros cigare qui manie, sans vergogne, le "big stick" de la loi et de l'ordre et de l'autre le misérable prolétariat, banni de ses terres, jeté sur les routes et à la merci des grands propriétaires terriens. Assistant à cette lutte inégale et impitoyable, des fonctionnaires du gouvernement (celui de Roosevelt) qui annoncent les premiers balbutiements de l'État-providence.
Certains diront que rien n'a changé, sauf la manière. Mais, ce qui est certain c'est que ce type d'analyse simple, en général truffée de colères bien senties, appliquée à nos sociétés riches ne tient plus vraiment la route. Il faut mieux affiner notre argumentation.
Et le film dans tout ça? Les images. Il me semble, qu'au-delà du drame sociopolitique, c'est ce qui m'a le plus emballé en visionnant ce film à nouveau.
À la caméra, Gregg Toland. Considéré comme le plus grand caméraman de l'ère du cinéma noir et blanc. On peut déjà voir à l’œuvre dans The Grapes of Wrath sa technique du clair-obscur qu'il a utilisé à profusion dans Citizen Kane. Le clair-obscur est une technique picturale dans laquelle des parties claires côtoient immédiatement des parties très sombres, créant des effets de contrastes parfois violents.
Ci-dessous, exemple d'un clair-obscur typique de Toland.
Cette technique du clair-obscur est inspiré des œuvres de Michelangelo Merisi, dit Le Caravage. En art, on appelle cette technique le chiaroscuro.
Un des premiers grands road-movies de l'histoire du cinéma : Tom Joad (Henri Fonda), au volant d'un camion pourri et surchargé, entreprend de mener sa famille de l'Oklahoma à la Californie, en empruntant la route américaine la plus mythique qui soit, U.S.66, qui débute à Chicago pour se terminer à Los Angeles. Des millions de Tom Joad emprunteront cette route après la grande dépression de 1929-1932, fuyant le "dust bowl" (région dont les terres ont été transformées en poussière par plusieurs années de sécheresse et par une surutilisation) pour aller briser leur rêve au contact des grands exploitants de produits agricoles californiens.
Premier plan du film : Henri Fonda marche seul sur une route empoussiéré au milieu de la plaine. On a l'impression qu'il s'en va à la rencontre de Charles Bronson dans Il était une fois dans l'Ouest, tellement sa démarche est identique à celle qu'il aura 38 ans plus tard.
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Mis à jour le 19 janvier 2023