Avec Peter Fonda, Dennis Hopper, Jack Nicholson
Le road-movie for ever.
Je ne connais pas de films qui correspondent, avec une telle perfection, au concept de road-movie.
Pas d'histoire dans cette traversée de l'Ouest américain, de Los Angeles à New Orleans. Seulement la route, deux gars vaguement hippies sur leur moto équipée de choppers (équipement associé plutôt aux gangs de motards, style Hell's Angels pas vraiment adeptes de la contre-culture!), peu de dialogues, des paysages dignes des plus beaux westerns (Monument Valley), des chansons sublimes (Steppenwolf, The Band, Roger McGuinn des Byrds chantant une chanson de Dylan, etc), et des rencontres marquantes. Tout ça joyeusement entremêlé de cannabis, de cocaïne et d'acide.
J'avais oublié (l'ai-je jamais su ?) à quel point le personnage de Peter Fonda (Wyatt) est touchant. Face au caractère mal dégrossi de Billy (Dennis Hopper), Wyatt est d'une douceur angélique malgré son attirail de Captain America. Il flotte sur les événements, peu sensibles à l'environnement. Ses rencontres sont toujours riches de tendresse et d'affection.
Un festival d'icônes de la contre-culture : la liberté les cheveux dans le vent, les psychotropes à volonté, la Commune où l'on pratique l'amour libre et où les filles s'offrent à tout venant, une VW Wesphalia déglinguée, la musique rock, les pays rednecks où les panneaux-réclames « Beautify America, Get a Haircut » côtoient les « Support Your Local Police ».
Hopper et Fonda ont été inspirés par le film italien Il Sorpasso (Le fanfaron) de Dino Risi qui raconte le voyage de deux types à travers l'Italie en décapotable. Avec Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant. Film à voir, donc.
Je dois dire que ce type de films n'était pas vraiment mon bag pour utiliser une expression populaire à l'époque. Je carburais plus aux films engagés politiquement ou bien aux films intimistes à la Bergman. Easy Rider m'apparaissait plus comme un gros trip d'adolescents attardés, peu politisés, inconscients, flottants au-dessus de la réalité sociopolitique de l'époque.
Et je déteste que ce film soit perçu comme porte-étendard de cette époque, malencontreusement appelée Flower Power (encore un truc de médias !).
Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1969. Numéro 213. Par Bernard Eisenschitz
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org
Cannes 1969. Meilleur premier film
Visionné, la première fois, le 28 février 1971 au cinéma à Québec
Mon 70ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 19 janvier 2023