Avec Catherine Deneuve, Fernando Rey, Franco Nero, Lola Gaos
Avouez que ce n'était pas facile pour un admirateur inconditionnel de Deneuve, dont j'étais à cette époque, de voir sa belle Deneuve passer de "belle-de-jour" à "amputée de guerre" contre le cancer. Ce fut un tel choc que tout le reste du film en fut oblitéré; je n'avais gardé aucun souvenir de l'intrigue du film jusqu'au visionnement d'aujourd'hui et découvrir, ainsi, un film qui synthétise les grands thèmes bunueliens : anticléricalisme, contestation de la société espagnole, rejet des tabous, fétichisme, érotisme à la limite de l'explosion. Mais tout ça en mode mineur par rapport à l'ensemble de l'œuvre.
Au début du film, une ouverture sur le destin de Tristana; don Lope, son père adoptif, lui disant cet axiome : "Si tu veux garder une femme honnête, brise-lui une jambe et garde-la à la maison". Les Talibans ont trouvé d'autres manières d'arriver à cette fin.
Définir le personnage de Tristana ? Qui, mieux que Jean-Louis Bory, peut le faire en quelques mots : "cette frêle jeune fille, vierge de douceur, en fait machine d'acier et petit Krakatoa intime camouflé sous la neige". Ça ne peut pas être plus exact. Extrait de L'écran fertile.
Jean-Louis Bory, un des meilleurs critiques de cinéma français des années 1960-1970. Toute son oeuvre critique est regroupée dans sept volumes publiés aux Éditions 10/18 entre 1971 et 1977. Destin tragique de l'itinéraire d'un homosexuel dans une société qui n'acceptait pas encore les "sorties du placard". Il se suicida le 11 juin 1979. Le même jour mourait John Wayne.
La célèbre scène du balcon. (Pour les Québécois de ma génération : non, ce n'est pas le célèbre Vive le Québec...libre de Charles de Gaulle prononcé à partir du balcon de l'Hôtel de ville de Montréal, le 24 juillet 1967)
Dans cette scène du balcon: Tout le mépris et toute la perversité du monde dans ce regard de Tristana.
Lecture cinéphilique
Éric Fottorino, Baisers de cinéma (Prix Femina 2007). Roman d'amour au déroulement assez convenu, sauvé, heureusement, par ses références multiples au cinéma de la Nouvelle vague et plus particulièrement, pour mon plus grand plaisir, aux films de François Truffaut. Beaucoup de clins d'œil à Truffaut. D'abord le titre qui fait penser à Baisers volés ; puis le père du narrateur, né le même jour que Frank Truff, le 6 février 1932, est aussi, comme ce dernier, un grand amoureux des femmes. Les passages concernant la "lumière" au cinéma, dont le père du narrateur est un spécialiste, sont les plus intéressants.
Critique. Cahiers du Cinéma. Aout-Septembre 1970. Numéro 223. Le Curé de la guillotine par Pascal Bonitzer.
Visionné, la première fois, le 10 juillet 1971 au cinéma Canadien (sic) à Québec
Mon 77ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 22 janvier 2023