03 mai 2009

131. Clair : Le Million

1001 films de Schneider : Le Million
Retiré de la liste de Schneider en 2013.


Film français réalisé en 1931 par René Clair
Avec René Lefebvre, Annabella, Jean-Louis Allibert, Paul Ollivier, Vanda Gréville

Charmant, mignon, sentant le printemps, mais une comédie musicale du pauvre, quand même, surtout quand on sait ce qui se fait et ce qui se prépare, à ce moment-là, aux USA, côté comédies musicales (42nd Street, Footlight Parade, Gold Diggers of 33).

On peut aimer, mais pardi que ça fait piécette de salle paroissiale. Je sais, c'est du réalisme poétique. Mais me crée une grosse fatigue, le réalisme poétique. J'ai trop donné lors de ma tendre adolescence dans Cocteau et compagnie. Alors, maintenant autre chose.

Pourquoi donc Paris en carton-pâte ? D'accord, des décors magnifiques - les toits de Paris sont remarquables même si les cheminées tanguent dangereusement lors des poursuites. C'est un poème, ce décor. (Alexandre Trautner, le plus grand décorateur de cinéma s'y trouve à ses débuts). 

Mais peut-on vraiment ne pas être chagriné par toute cette vie parisienne qui se déroule en dehors des studios de Joinville-le-Pont (je crois) et qui nous échappe à jamais. Le Paris de 1930, mais si, on en veut.

Je suis en train de visionner les dix épisodes de la magistrale série de Louis Feuillade, Les Vampires, tournée en 1915 : un monument. Très surpris par la vivacité des différentes histoires. D'habitude, les films muets, sauf quelques trop rares exceptions, m'assomment d'ennui même si j'y trouve un certain plaisir intellectuel à découvrir l'histoire du cinéma en marche. Mais ici, chaque épisode nous réserve des surprises quant au déroulement de l'histoire, mais, surtout, ce qui surprend, plus particulièrement, c'est l'abondance des plans et des séquences tournés en extérieur.

Toujours Les Vampires. Pas de Paris en carton-pâte mais Paris live; entre autres, une séquence merveilleuse où l'on voit les personnages montés à Montmartre en passant près du Sacré-Cœur, avec en arrière-plan, Amélie Poulain (je vous jure!). J'aurais aimé que Carné emprunte la même voie pour Le Million au lieu de revenir au Paris de studio des débuts du cinéma.

Tiré de DVD Toile : "Quand sortit Les Temps modernes de Charles Chaplin, Tobis, le distributeur du film de René Clair voulut engager une action judiciaire pour plagiat. Le réalisateur ne souhaita pas s'y associer, déclarant que c'était pour lui un compliment si le film de l'artiste américain était inspiré du sien. L'affaire, plaidée en France et aux Etats-Unis, dura jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Sur la pression de ses avocats, Chaplin accepta une transaction. Lui et Clair restèrent amis."

Chaplin a piqué une autre idée de René Clair. La séquence de rugby sur la scène de l'Opéra se retrouve, presqu'à l'identique (un poulet au lieu d'un blouson), dans la scène de la salle de bal dans Les Temps modernes

Deux perles de René Clair :
1. Il prédit la fin du cinéma avec l'arrivée du parlant - difficile de se planter plus que ça.
2. Laurel et Hardy ? " Personne ne les trouve drôles, sauf le public. " 
Du pré-Yogi Berra. Vous ne connaissez pas ce fameux receveur des Yankees de New York des années 1950 ? C'est lui qui disait des trucs comme : "C'est pas fini tant que ce n'est pas fini". Ou bien "This place is too crowded, nobody goes there anymore".

Visionné, la première fois, le 2 juin 1976 à la télévision à Montréal
Mon 131ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 28 décembre 2022