15 février 2010

161. Allen : Annie Hall

1001 films de Schneider : Annie Hall



Film américain réalisé en 1977 par Woody Allen
Avec Woody Allen, Diane Keaton, Tony Roberts, Karol Kane, Paul Simon, Shelley Duvall
Première apparition au cinéma de Sigourney Weaver.

Annie Hall, c'est une photographie de la culture intellectuelle nordaméricaine des années 1970.

Tout un festival de références culturelles à tous les niveaux : littéraire, cinématographique, musicale, sociologique, politique. Complètement jouissif pour ceux qui, comme moi, ont côtoyé cette culture - une culture du Moi complètement obnubilée par la question sexuelle. Un Ego tout préoccupé par la gestion de ses pulsions et qui rejette en arrière-plan le politique.

Woody Allen, c'est l'Amérique qu'on aime, que j'aime, qui m'a permis de me dépêtrer de mon anti-américanisme idéologique et d'ouvrir la voie à la découverte d'un pays fascinant en entrant par la porte de New York. 

New York qui, à cette époque, est à l'agonie comme le dit un des personnages du film. La ville est en complète faillite financière, elle n'arrive plus à assurer les services de base dont elle a la charge : éducation, santé, logement social sont en déperdition. Le paysage urbain est une catastrophe. Le Bronx est rongé par les incendies. Harlem ressemble à une ville bombardée. L'insécurité et la corruption policière se nourrissent mutuellement. Enfin, on fuit cette ville.

C'est à ce moment qu'apparaît une des actions qui allaient chambarder le paysage urbain de la majorité des villes nordaméricaines. New York, pour empêcher l'exode de la classe moyenne, source majeure de son financement, lance une campagne publicitaire pour revamper la vie dans la grosse pomme. Apparaîtra alors le fameux slogan I Love New York, qu'on verra reproduit à toutes les sauces dans les décennies suivantes. Et la magie opère. On revient en ville. On redécouvre les joies de la vie urbaine tout en récupérant les 20 heures perdues chaque semaine dans les transports pendulaires entre le centre-ville et la banlieue. C'est depuis cette époque, fin des années 1970, qu'on assiste partout en Amérique du nord à la renaissance du cœur des villes.
Fin du cours de géographie urbaine.

New York que j'aime et que j'ai visité à une dizaine de reprises. New York qui a tellement changé entre ma première visite, en 1979, où l'on voyait un peu partout des autos désossés et percutées de balles en bordure de la rue (le New York de Midnight Cowboy), et la dernière fois, en juin 2009, où l'on se promenait, en toute tranquillité dans le quartier de Times Square à 1 heure du matin.

À propos du titre, un peu à côté de la plaque : "The film should be entitled "How Alvy Singer Learned to Forget Annie Hall and Keep Worrying About Himself". David Thomson, critique britannique, auteur de "Have You Seen...?"

On a l'impression de revoir, 10 ans plus tard et dans un contexte nordaméricain, un film de la Nouvelle Vague. On retrouve le même goût chez Allen de nommer ses plaisirs cinéphiliques - Bergman, Fellini, Renoir, Ophuls, etc. - comme on le faisait régulièrement chez Godard ou chez Truffaut.

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1977. Numéro 282. Le Cinéphile à la voix forte par Serge Daney
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1978. Quatre statuettes : film, réalisateur, actrice pour Diane Keaton et scénario.

Visionné, la première fois, le 16 avril 1978 au cinéma à Montréal
Mon 161ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 30 décembre 2022