1001 films : Le déclin de l'empire américain
Film québécois réalisé en 1986 par Denys Arcand
Avec Dominique Michel, Dorothée Berryman, Louise Portal, Geneviève Rioux, Rémi Girard, Pierre Curzi, Yves Jacques, Daniel Brière et Gabriel Arcand
Il m'énerve Arcand avec ses titres tonitruants : Le déclin de l'empire américain (1986), Les invasions barbares (2003), L'âge des ténèbres (2007) La chute de l'empire américain (2018). À chaque fois, on s'attend à ce que l'apocalypse nous tombe dessus puis on se retrouve entre amis à discuter du bout-de-gras (expression savoureuse qui date des années trente).
Ce huis-clos, plus théâtral que cinématographique, sur le désordre amoureux n'a pas beaucoup vieilli. Le sujet et le discours utilisé me semblent tout à fait contemporain. J'ai vraiment été surpris, après 25 ans, d'y retrouver encore beaucoup d'éléments pertinents sur l'incommensurable incompréhension entre les hommes et les femmes.
Mais, bon dieu, que ça cause. On a rarement vu une telle logorrhée. On a le goût de leur dire à ces personnages qu'on en vient à détester : arrêtez d'en parler et faites-le, bordel! Imaginez My Dinner with Andre mais à 8 !!! On comprend que ce film ne laisse pas indifférent : on l'aime beaucoup ou on le voue aux géhennes.
Ces histoires autour du sexe sont pimentées de grandes tirades sur le déclin de l'empire américain, le déclin de nos sociétés occidentales, en fait. Ils ont dû faire une drôle de tronche les spectateurs américains lors de l'émission des Oscars lorsqu'on leur a balancé ce titre à la figure - le film d'Arcand étant un des cinq nominés pour le meilleur film en langue étrangère. Remarquez que pour un pays en déclin, ils n'en ont pas moins remporté trois guerres depuis ce temps. Mais aujourd'hui, ils y sont vraiment dans la merde - le déclin économique est évident, le déclin militaire suivra-t-il ? Pas sûr.
Couverture du Time magazine de mars 2011
Je le sais pas pour vous, mais pour moi, les citations, ça m'emmerde - je les lis toujours de reculons surtout sur un blog - moi qui ai tellement de difficulté à lire un long texte sur écran. (Je ne suis pas tout à fait la clientèle visée par la liseuse électronique). Mais je ne peux résister à la tentation de vous lancer cet extrait de dialogue du film Le déclin de l'empire américain, tant cet extrait me semble avoir été écrit hier.
" Les signes du déclin de l'empire (ici, mettre le nom de votre pays) sont partout : la population qui méprise ses propres institutions, la baisse du taux de natalité, la dette nationale devenue incontrôlable, la diminution constante des heures de travail, l'envahissement des fonctionnaires, la dégénérescence des élites. Avec l'écroulement du rêve marxiste-léniniste (on est en 1985, belle prédiction) on ne peut plus citer aucun modèle de société dont on pourrait dire, voilà comment nous aimerions vivre. Ce que nous vivons, c'est un processus général d'effritement de toute l'existence. "
Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1987. Numéro 393. Le téléphone rose par Frédéric Sabouraud
Cannes 1986 : Prix de la critique internationale à Denys Arcand
Visionné, la première fois, le 30 décembre 1986 au cinéma Ermitage à Montréal
Je ne me souviens plus de ce cinéma qui n'a été en opération que pendant deux ans
Mon 218ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 24 mars 2023