Kazan s'attaque à un sujet qui fait les manchettes des journaux depuis au moins une quinzaine d'années : la corruption des syndicats des dockers de New York et du New Jersey.
Elia Kazan nous dit, par ce film, qu'il est, quelquefois, éthiquement nécessaire de dénoncer.
On the Waterfront, c'est l'histoire de Terry Malloy confronté à sa conscience. Déchiré entre sa copine et le curé qui l'incitent à dénoncer un meurtre et son frère et les membres criminels du syndicat qui le menacent de n'en rien faire. Que doit-il faire. Que va-t-il faire ? Une prestation exceptionnelle de Brando qui jouent sur toutes les cordes de l'émotion.
Dans cette histoire de criminels, il est agréable de voir se dessiner une idylle amoureuse entre le bum (Brando) et la sainte-nitouche (Eva Marie Saint - quel nom œcuménique !)
Par ailleurs, le rôle du curé est insupportable par son omniprésence et sa condescendance chrétienne. Quand il arrive à la dernière scène du film on a une envie féroce de le pousser à l'eau.
Kazan, évidemment, envoie un message gros comme une maison à ses détracteurs suite à ses dénonciations de ses anciens collègues communistes devant le comité des affaires anti-américaines.
Sa contribution critiquée à l'enquête sur les activités anti-américaines (HUAC) au début des années 1950 marquera son œuvre dans laquelle l'on retrouvera de nombreuses références à cette période sombre de sa vie. Sombre parce que difficile de supporter l'opprobre qui l'entoura pendant des décennies et non pas parce qu'il était en désaccord avec la dénonciation de ses ex-camarades d'un groupuscule communiste clandestin auquel il avait appartenu pendant quelques années dans les années 30. Il n'a jamais regretté ce geste avant tout politique même si on a tenté de salir sa réputation en l'accusant de s'être vendu à la Commission en échange d'une carrière à Hollywood, qu'il détestait royalement, en passant
Pour moi, deux séquences d'anthologie :
1. La scène du gant échappé involontairement par Eva Marie Saint (Edie) que Brando ramasse, regarde et revêt. Certains y voit une façon métaphorique d'entrer dans la peau d'Edie : du grand n'importe quoi.
2. La scène du taxi où a lieu la confrontation entre les deux frères avec "le store vénitien" en arrière-fond.
Un bateau célèbre fait un cameo dans le film : SS. Andrea Doria qui sombrera deux ans plus tard. Au moment où il apparait dans le film, il n'était en service que depuis 7 mois.
Oscars 1955. Huit statuettes : film, réalisation, scénario, acteur à Marlon Brando, actrice dans un second rôle à Eva Marie Saint, caméra, direction artistique, montage.
Venise 1954. Trois prix dont le Lion d'argent pour le film.
Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1955. Numéro 44. En un combat douteux par Jacques Doniol-Valcroze Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org.
Visionné, la première fois, le 31 aout 1995 sur VHS à Montréal.
Mon 325ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider