1001 films de Schneider : Festen
Fête de famille
D'abord un mot sur Dogme 95. Courant d'avant-garde cinématographique danois créé en 1995 par, entre autres réalisateurs, Lars von Trier et Thomas Vinterberg. Une sorte de Nouvelle Vague danoise. Il s'agit de sortir le cinéma des ornières du cinéma commercial dominant de l'époque.
Dès le début de Festen (considéré comme le numéro un de la série Dogme 95), on voit, par le jeu de la caméra, une des grandes caractéristiques de Dogme 95. La caméra, portée à l'épaule, nous inonde de plans inédits et agréablement surprenants même si on a l'impression de voir, dans les premières scènes, une esthétique digne de mes premiers films tournés en 8mm à l'époque où je rêvais d'aller étudier à l'IDHEC (l'Institut des hautes études cinématographiques de Paris).
Autre caractéristique : Dogme 95, c'est le cinéma du Here and Now. Festen nous présente le déroulement d'une célébration qui donnera lieu à un drame familial bouleversant comme du cinéma direct.
Morale de cette histoire : Rassembler une large famille lors d'un repas fortement arrosé et vous risquez de voir quelques mines qui étaient bien enterrées refaire surface et détruire cette famille à jamais ; ce qui nous ramène à la célèbre phrase d'André Gide : Familles, je vous hais.
Je ne peux pas m'empêcher de faire une comparaison avec la grande fête familiale de Noël de Fanny et Alexandre de Bergman qui, elle, se termine dans le bonheur. Vinterberg fait d'ailleurs un clin d'œil au film de Bergman en introduisant dans sa fête une farandole comme celle de Bergman mais en plus désorganisée.
Un point me dérange dans ce film : la violence du plus jeune de la famille. On dirait vraiment qu'elle est exagérée. Cette violence, surjouée, qui attire toute l'attention, semble atténuer le drame vécu par Christian et sa sœur jumelle, tous les deux abusés par le père avec la complicité non-active de la mère.
La confession de Christian met-elle un point final au drame familial ? Je pense à cette phrase tirée de Le sang noir de Louis Guilloux : ''Quand on s'était tout dit, rien n'était vidé.''
Un superbe titre de Télérama publié le 22 décembre 2018 : Comment Festen donna au champagne de Noël 1998 un sérieux goût acide.
Cannes 1998. Prix du jury à Thomas Vinterberg
Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1998. Numéro 525. Par Stéphane Bouquet.
Mon 344ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider