22 février 2025

441. Fellini : La Strada


Film italien réalisé en 1954 par Federico Fellini. 
Avec Anthony Quinn, Giulietta Masina, Richard Basehart, Aldo Silvani, Marcella Rovere
Musique : Nino Rota

Belle plongée dans le cinéma néoréaliste italien : décors naturels, pauvreté, pessimisme, un monde tragique. La Strada est un road-movie du pauvre. Juste pour me contredire, les partisans du néoréalisme ont hué ce film lors de l'attibution d'un prix à Fellini lors du Festival de Venise, en 1954.

Gelsomina (Giulietta Masina, l'épouse de Fellini), en agneau sacrifiée. Personnage inoubliable qui me  touche beaucoup. Une ressemblance avec le mime Marceau et aussi avec Charlot.

C'est un peu l'histoire de la Belle et de la Bête qui se passe dans un monde de forains si habituel chez Fellini. La Bête Zampino (Anthony Quinn qui vient de remporter un Oscar dans Viva Zapata!) en homme brutal qui maltraite la pauvre Gelsomina, un peu demeurée et asexuée.

La Bête et la Belle

Ce film, c'est aussi la Belle qui parcourt un chemin de croix.

Sur les mimiques faciales et gestuelles de Giuletta Masina : le personnage du Fou à Gelsomina : Es-tu sûre que tu es une femme? Tu ressembles plutôt à un artichaut.

Une scène touchante, celle du caillou. Le Fou prend dans sa main un caillou et dit que tout objet, si petit soit-il a une signification (ou une destinée) dans la vie. On sent bien que le message est destiné à Gelsomina.

La musique de Nino Rota avec son thème lancinant et triste est un personnage à part entière. C'est ce thème, à la fin du film, qui amène Zampino à ressentir des émotions qu'il n'avait jamais soupçonnées à l'égard de Gelsomina. Fin poignante et tragique.

Ce qui est surprenant c'est le choix des deux acteurs américains pour incarner Zampino et le Fou. Une façon d'entrer dans le marché américain? Mais ça nous sort un peu du néoréalisme qui nous avait habitué à des acteurs non-professionnels ou peu connus.

Ah oui, la moto utilisée est une Moto Guzzi Ercole, un tricycle conçu pour le transport de charges lourdes.

Toujours touché par la belle langue italienne. Mais toujours un peu en colère que ma mère italienne ne me l'ait pas apprise. Dans la ville de Québec de l'époque de mon enfance, il n'y avait pas 1000 Italiens dont on rencontrait une partie, une fois par année, le jour de la Befana, le jour de l'Épiphanie, dans une salle culturelle de la Haute-ville. Pour mes parents, il était inutile d'apprendre l'italien que nous ne pourrions pas pratiquer, de toute façon. Il y a quelque temps, j'ai essayé l'italien sur Duolingo, je me suis vite désintéressé.

Oscars 1957 : Meilleur film en langue étrangère
Venise 1954 : Deux prix à Federico Fellini
Cahiers du Cinéma 1955 : Un des 10 meilleurs films de l'année

Visionné, la première fois, le 5 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 441ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

19 février 2025

440. Bresson : Pickpocket

 

Film français réalisé en 1959 par Robert Bresson.
Avec Martin LaSalle, Marika Green, Jean Pélégri
Inspiré du roman de Dostoïevski Crimes et châtiment.

Film minimaliste qui peut en rebuter plusieurs. Il faut s'y faire, on est chez Bresson : une œuvre originale qui demande au spectateur de s'impliquer.

On dit de L'Étranger d'Albert Camus que c'est une écriture blanche. Pourrait-on transposer cette assertion à l'œuvre de Robert Bresson et, en particulier, à Pickpocket : un langage blanc ? On pourrait poursuivre le parallèle, cette fois-ci, entre deux personnages : Michel et Meursault. Les deux sont impassibles devant les autres et les deux restent de glace face à leur arrestation. Mais la dernière séquence de Pickpocket arrête ce parallèle.

Des acteurs amateurs qui ont appris à réciter le texte recto tono, sans émotion. Bresson leur interdisait d'acter quitte à répéter cinquante fois une scène afin d'arriver à cette prestation sans couleur.

Des émotions, Michel le pickpocket n'en a qu'à deux reprises.

L'attitude de soumission - tête toujours penchée - de Jeanne (actrice de 16 ans) est questionnable. Pourquoi Bresson la fait-il jouer de cette façon ?

La voix off me fait penser à celle de François Truffaut. Façon de faire que l'on retrouvera souvent dans les films de la Nouvelle vague.

Comme pour les films de la Nouvelle vague, abandon du studio et tournage en extérieurs. Les rues, le métro de Paris ainsi que la gare Saint-Lazare. Truffaut tournait au même moment Les 400 coups dans les rues de Paris.

Apparition dans le métro d'un des figurants les plus célèbres du cinéma français, Dominique Zardi. Figurant dans plus de 600 films et téléséries de 1946 à 2009. Figurant fétiche de Claude Chabrol.

Je trouve le texte du prologue, avec son contenu pédagogique, assez ennuyant.

Marika Green et Martin La Salle. Un final en forme de rédemption : l'amour l'emporte. 

Cahiers du Cinéma. Dans la liste des dix meilleurs films de l'année 1959.

Visionné, la première fois, le 4 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 440ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

14 février 2025

439. Milestone : All Quiet on the Western Front

 

À l'Ouest, rien de nouveau

Film américain réalisé en 1930 par Lewis Milestone.
Avec Louis Wolheim, Lew Ayres (Paul), John Wray, Arnold Lucy, Ben Alexander, Scott Kolk
D'après le roman éponyme (1929) de Erich Maria Remarque

Grand film pacifiste traitant de la Grande Guerre. L'acteur principal, Lew Ayres, 22 ans, est devenu pacifiste suite à sa prestation. Il est même devenu objecteur de conscience lors de la Seconde Guerre mondiale, s'engageant plutôt comme infirmier.

Grand film pacifiste en temps de paix. Mais ce film n'aurait jamais été réalisé durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, aucun film prônant la paix n'a été produit pendant cette période.

Les Nazis ont très mal pris cette production cinématographique. Ils se sont opposés fermement aux représentations en Allemagne.

La première séquence dans laquelle le professeur encourage ses étudiants à s'engager dans l'armée allemande est assez délirante : l'art de fabriquer de la chair à canons.

La trame du film décrit l'itinéraire parcouru par une dizaine de soldats, de l'école à la mort. On partait pour la gloire, on arrive dans la désillusion : faim, angoisse, panique, folie et agonie. 

Une séquence marquante : la rencontre de Paul avec un soldat français qu'il vient de tuer. Il découvre en prenant son carnet militaire qu'il est un homme comme lui avec une famille qui l'attend. Alors, Paul promet, qu'après la guerre, il ira voir sa femme pour la consoler.

Pour 1930, les scènes de bataille sont enlevantes et très réalistes.

Le film se termine par un plan poignant où l'on voit la main d'un soldat, Paul, qui s'approche pour prendre un papillon et qui, après un coup de feu, se fige à jamais.

Autres versions
1979. Un film pour la télévision dirigé par Delbert Mann avec Richard Thomas, Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Ian Holm.
2022. Dirigé par Edward Berger.

Une suite : The Road Back réalisé en 1937 par James Whale. 

Oscars 1930. Meilleur film et meilleure réalisation

Visionné, la première fois, le 2 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 439ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.


10 février 2025

438. Hawks : The Big Sleep


Le Grand sommeil

Film américain réalisé en  1946 par Howard Hawks.
Avec Humphrey Bogart (Philip Marlowe), Lauren Bacall (Vivian), John Ridgely, Martha Vickers, Dorothy Malone
Adaptation de William Faulkner du roman éponyme (1939) de Raymond Chandler. C'est le premier roman mettant en scène Philip Marlowe, célèbre détective privé.

Film noir à la narration opaque. Essayer de s'y retrouver dans le déroulement de l'intrigue est peine perdue. C'est la deuxième fois que je voie ce film et je ne réussis toujours pas à comprendre de quoi il en retourne et surtout qui a tué qui. Aussi, il est difficile de comprendre comment la police n'est pas impliqué dans l'enquête entourant ces multiples meurtres. Même le romancier Chandler répondait au réalisateur à propos de l'intrigue qu'il n'en avait aucune compréhension.

Il faut voir ailleurs. Cet ailleurs c'est l'immense plaisir de voir évoluer Bogart et Bacall, pour moi le plus grand intérêt du film. Au passage, ils se marièrent six mois après le tournage.

Première image du générique : Bogart et Bacall s'allumant une cigarette. Soixante ans de campagne contre le tabac m'ont conditionné à trouver cette image déplaisante.

Un bout de dialogue :
    La blonde bibliothécaire : Vous ne ressemblez pas à un collectionneur de premières                 éditions.
    Marlowe : Je collectionne aussi les blondes en bouteille.

Le célèbre couple Bogart-Bacall dans un des quatre films qu'ils ont tournés ensemble.
Dans le plan précédent, un beau passage érotique quand Bogart demande à Bacall de se gratter la cuisse, ce qui n'a rien à voir avec le déroulement de l'action, évidemment.

Beaucoup de sous-entendus à caractère sexuel entre les deux vedettes parsèment le film. Lentement, Marlowe et Vivian vont tomber amoureux l'un de l'autre ce qui constitue un développement en parallèle avec l'intrigue policière.

Marlowe, le tombeur de ces dames. Une séquence échappe au code Hays : celle de la rencontre entre Marlowe et la libraire (Dorothy Malone). Tous les signes (elle enlève ses lunettes, détache ses cheveux et ferment la boutique) montrent que les deux passent un bon moment ensemble et font un pied de nez aux censeurs.

Bogart consomme beaucoup de whisky comme souvent dans ses films. Il en est mort (cancer de l'oesophage). Il aurait dit avant de mourir : Je n'aurais jamais dû abandonner le whisky pour le martini (apocryphe).

Probablement, le seul film noir dans lequel l'on mentionne Marcel Proust.

Autre version : The Big Sleep réalisé en 1978 par Michael Winner. Avec Robert Mitchum, Sarah Miles, Joan Collins et James Stewart. 5.8

Visionné, la première fois, le 26 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 438ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.


08 février 2025

437. Hitchcock : Rebecca



Film américain réalisé en 1940 par Alfred Hitchcock.
Avec Laurence Olivier (Mr. de Winter), Joan Fontaine (Mrs. de Winter), George Sanders, Judith Anderson (Mrs Danvers), Gladys Cooper, Florence Bates
D'après le roman éponyme (1936) de Daphne Du Maurier

Premier film d'Alfred Hitchcock réalisé en Amérique mais dont l'intrigue se passe en Grande-Bretagne.

Un choc: Hitchcock, en entrant dans le système des grands studios d'Hollywood, doit abandonner une grande part de son autonomie. Le réalisateur, à Hollywood, est un ouvrier comme les autres, sauf pour les grands noms. Les scénaristes et le producteur (qui a la dernière main sur le montage) ont préséance sur le réalisateur. Hitchcock s'adaptera à ce système en développant sa manière à lui de le contourner. 

Un prologue en forme d'épilogue. Une femme sans nom (comme le personnage de Joan Fontaine qui n'a que le nom de son mari) voit en rêve le château qu'elle habitait des années auparavant mais qui n'est plus qu'une ruine.

Trois parties dans ce film :
La 1ère partie se déroule sur la Côte d'Azur à Monte Carlo et ses environs. Soleil, humour et début d'un amour; on semble parti pour un Hitchcock inattendu du côté de la bonne humeur. Mais on ne perd rien pour attendre. La deuxième partie nous plongera dans un univers gothique. Au passage, le personnage joué par Florence Bates aurait fait une parfaite victime pour l'oncle Charlie dans Shadow of a Doubt.

2ème partie. Après le voyage de noces, le couple de Winter rentre à la maison - en fait un immense château fictif, Manderley, isolé au bout du monde à Cornwall (Cornouailles), pointe sud-ouest de la Grande-Bretagne. Commence alors la partie la plus formidable du film avec la terrible Mrs Danvers : mystère, inquiétude, terreur, paranoïa. Pauvre Mrs. de Winter (la menue Joan Fontaine est parfaite dans ce rôle), perdue dans cet atmosphère gothique et baignant dans un univers qui n'en a que pour Rebecca, l'ex-épouse de Mr. de Winter, disparue dans un accident nautique.

3ème partie. Le dénouement : un peu tordu, peu convaincant. Pour avoir une fin hollywoodienne, le producteur n'a pas respecté la fin du roman qui était plus sombre.

L'effrayante Mrs. Danvers. Judith Anderson

Un non-dit que la censure n'a pu oblitérer : l'amour de Danvers pour Rebecca.

L'image du château fictif, Manderley, a été construite à partir de maquettes miniatures et de l'utilisation de ''matte paintings''. On dit qu'il a inspiré le château Xanadu de Citizen Kane.


Oscars 1941. Meilleur film (le seul Oscar dans cette catégorie remporté par Hitchcock) et meilleure cinématographie à George Barnes

Visionné, la première fois, le 23 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 437ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

05 février 2025

436. Capra : It's a Wonderful Life

 

La Vie est belle

Film américain réalisé en 1946 par Frank Capra. 
Avec James Stewart (George Bailey), Donna Reed, Lionel Barrymore (Potter), Thomas Mitchell, Henry Travers, Gloria Grahame, Beulah Bondi
Tiré de la nouvelle The Greatest Gift de Philip Van Doren Stern.

Un classique de Noel avec un personnage (Potter) qui nous rappelle Scrooge du conte de Noel de Dickens. Ce fut un flop à sa sortie. C'est dans les années 1970 que ce film devint le favori des films de fin d'année qu'on regarde, idéalement, emmitouflé près d'un feu de foyer.

Capra cherchait une histoire qui répandrait un baume chez les spectateurs qui en avaient bien besoin au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Quand il découvrit, par hasard, la nouvelle de Van Doren Stern, il fut électrisé. 

Le lotissement de maisons individuelles de la compagnie de George Bailey préfigure le mouvement de suburbanisation qui déferlera sur l'Amérique dans les années 1950. 

Lors de sa tentative de suicide, George Bailey est sauvé par son ange gardien qui lui fait voir la vie désastreuse de son patelin qui deviendrait Pottersville (une ville dans la déchéance) s'il n'était jamais né. On ne peut pas faire autrement que de penser à Back to the Future II où l'on voit la vie comme elle aurait été si Biff Tannen avait mis la main sur le livre des résultats sportifs du futur.

Le message de l'ange gardien : ''One man's life touches so many others, when he's not there it leaves an awfully big hole,''

James Stewart est incontournable dans ce rôle de grand dadais philanthropique. Mais la manie de faire l'âne chez lui et chez ses collègues d'étude me tombe royalement sur les nerfs. Cette manie se retrouve dans un autre film que j'ai vu il y a longtemps et dont j'oublie le titre. Le collège américain où les étudiants imitent l'âne est le College of William and Mary en Virginie.

On peut voir ce film comme un conte qui  veut souligner la solidarité de tous les humains.

De grâce, évitez la version colorisée qui enragea Capra et Stewart.

Autre version : It Happened One Christmas réalisé en 1977 par Donald Wrye  avec Orson Welles dans le personnage de Potter. 6,0

Visionné, la première fois, le 21 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 436ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

03 février 2025

435. Hitchcock : Rope


La Corde

Film américain réalisé en 1948 par Alfred Hitchcock.
Avec James Stewart, John Dall, Farley Granger, Cedric Hardwicke, Constance Collier, Joan Chandler
D'après la pièce Rope's End (1929) de Patrick Hamilton 

Un huis clos claustrophobique. Une pièce de théâtre qui respecte les règles classiques: unité de temps, de lieu et d'action. Tout ça serait un peu rasoir s'il n'y avait eu le génie scénique d'Hitchcock. On ne regarde pas ce film pour l'histoire mais pour sa mise en scène.

L'histoire est basée sur cette assertion: Les élites ont-ils le droit de vie ou de mort sur des êtres inférieurs. Un peu de Nietzsche à la rescousse peut être utile. Dans le cas de cette histoire peut-on parler d'un meurtre esthétique ?

Prouesse technique: Onze plans-séquence de moins de dix minutes (la capacité d'un magasin de pellicule) avec plusieurs raccords à partir du dos d'un protagoniste; si bien qu'on pourrait croire que le film a été tourné en un seul plan. À l'opposé, la réalisation de The Birds est constituée de 1360 plans. 

La caméra qui circule dans ce grand appartement new-yorkais pourrait être considéré comme le personnage principal du film.

On se demande comment le code Hayes a pu laisser passer cette histoire de deux homosexuels qui tuent un de leur ami par plaisir esthétique. Cary Grant et Montgomery Clift (gais dans le placard) avaient bien saisi que le couple de l'histoire était gai. Ils ont refusé l'offre de Hitchcock de jouer le rôle des deux meurtriers.

James Stewart a toujours cette allure de gars qui a de la difficulté à accepter sa grande taille. Il est toujours un peu penché.

Plusieurs références filmiques : James Mason, Cary Grant, Ingrid Bergman (clin d'œil à Notorious) et Mary Pickford.

Autre traitement de ce vrai fait divers par Richard Fleischer dans le film Compulsion réalisé en 1959. Avec Orson Welles. Ça semble valoir le détour d'après IMDB 7,4

Visionné, la première fois, le 19 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 435ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

01 février 2025

434. HItchcock : Shadow of a Doubt

 

L'Ombre d'un doute

Film américain réalisé en 1943 par Alfred Hitchcock.
Avec Teresa Wright (Charlie, nièce), Joseph Cotten (Charlie, oncle), Macdonald Carey, Henry Travers, Patricia Collin, Hume Cronyn (a joué dans 90 films)
Au scénario, le grand dramaturge américain Thornton Wilder. Hitchcock est fier de voir un grand du monde littéraire s'associer à son oeuvre. C'est un peu comme une consécration de son travail. 

Film préféré de Hitchcock. On se demande bien pourquoi, vues les grandes œuvres de sa production.

Ouverture : un bal de la haute bourgeoisie avec en musique de fond la fameuse valse de Franz Lehar, Merry Widow, en dissonance.  La table est mise pour une histoire dramatique. Évidemment, on s'en doutait un peu en voyant le nom du réalisateur dans les crédits du film.
On retrouvera tout au long du film cette musique en leitmotiv.

Dans les premières séquences, l'arrivée du train en gare entourée d'une épaisse fumée noire ne signifie-t-elle pas l'arrivée du Diable (Cotten incarne le parfait personnage du Diable, sa carrière en sera marquée à jamais) comme le suggère Truffaut ? (Dans le livre  Truffaut-Hitchcock).  Le réalisateur acquiesce.

L'arrivée du train en gare est autrement plus polluante que celle des frères Lumière. Terrible ces locomotives qui fonctionnaient au charbon. Je me rappelle que dans mon enfance nous habitions, à Québec, près d'une voie ferrée. L'hiver, après le passage d'un train, la neige était criblée de points noirs (particules fines provenant de la combustion du charbon) - et alors, nos poumons ? 

Joseph Cotten et Teresa Wright. L'ombre d'un doute s'installe quand  elle se rend compte qu'il y une dédicace qui ne s'adresse pas à elle à l'intérieur de la bague. Cette bague qu'il entre dans le doigt de l'annulaire droite souligne le désir incestueux de l'oncle Charlie. Également, désir inavoué de la jeune fille pour son oncle.

Très comiques, les séquences entre le père de la jeune Charlie et son ami (Hume Cronyn) qui discutent de la meilleure façon de commettre un crime parfait ignorant que circule parmi eux un tueur de veuves parfait - un autre meurtrier écope de ses crimes.

Après la mort affreuse de l'oncle Charlie (qui aurait dû être la fin du film), il est un peu dommage qu'on ait ajouté une séquence pour faire une belle et satisfaisante conclusion.

Tout le tournage se fait en décor naturel dans la petite ville de Santa Rosa en Californie. La fille de Hitchcock explique pourquoi son père préférait ce film : '' C'était parce qu'il aimait introduire le danger dans une petite ville. ''

Visionné, la première fois, le 19 février 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 434ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.