30 mars 2025

448. Fellini : Les Nuits de Cabiria

 


Film italien réalisé en 1957 par Federico Fellini
Avec Giulietta Masina (Cabiria), François Périer, Amedeo Nazzari, Aldo Silvani, Franca Marzi, Dorian Gray.
Assistant à l'écriture du scénario : Pier Paolo Pasolini

Les hauts et les bas, plutôt les bas, de la vie de Cabiria, prostituée de son métier, présentés à l'aide de différents tableaux qui se terminent tout le temps par la désillusion. Mais, malgré tout, cette prostituée au grand cœur (archétype) en quête de grand amour et de mariage réussit toujours à renaître après ses échecs jusqu'à la séquence brise-coeur de la finale.

La dernière scène du film, où Cabiria marche en larmes avant de sourire de nouveau à la vie, est l’une des plus iconiques du cinéma. La résilience de Cabiria nous laisse sous une note d'espoir.

Une performance magistrale de Giulietta Masina qui nous présente une prostituée fanfaronne mais qui laisse percer quelquefois la Gelsomina de La Strada. Pour moi, la Gelsomina est toujours présente ce qui fait que j'ai de la difficulté à la percevoir en tant que prostituée à l'instar de ses collègues mais ce qui ne change en rien à sa prestation d'une femme en quête d'authenticité.

Gelsomina ou Cabiria ?

Plusieurs séquences du film se passent dans les terrains vagues de Rome avec, à l'arrière-plan, des immeubles d'habitation neufs ou en construction. C'est ce qui donne une touche de néoréalisme au film ainsi que sa dimension sociale - une vue des classes populaires.

Tourné à Rome et dans ses environs. Une scène se passe sur la célèbre artère Via Veneto que nous retrouverons, quelques années plus tard, dans La Dolce Vita.

Sweet Charity de Bob Fosse est une comédie musicale adaptée des Nuits de Cabiria. Avec Shirley MacLaine.

Oscars 1958. Prix pour le meilleur film en langue étrangère.
Cannes 1957. Deux prix : meilleure actrice à Giulietta Massina et meilleur film à Federico Fellini.
Cahiers du Cinéma. Un des 10 meilleurs films de l'année 1957.

Visionné, la première fois, le 1er avril 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 448ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

28 mars 2025

447. Bertolucci : Le Conformiste

 


Film italien réalisé en 1959 par Bernardo Bertolucci
Avec Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Gastone Moschin, Dominique Sanda, Pierre Clémenti, Enzo Tarascio, Fosco Giachetti
D'après le roman éponyme (1951) d'Alberto Moravia

Un très beau film dûe, en grande partie, à la cinématographie et à la production artistique. Une réussite esthétique qui nous fait vivre une grande expérience émotionnelle.
Quentin Tarantino : ''l'un des films les plus beaux jamais tournés.''

Est-il possible de détester un personnage plus que celui interprété par Jean-Louis Trintignant? Parfait fasciste qui travaille pour la police dont le but est d'éliminer les antifascistes. Je déteste ce personnage qui traine une froideur et une perfection de style qui m'horripilent.

Par ailleurs, en contradiction d'avec le titre du film, une mise en scène pas très conformiste. Un récit non linéaire ponctué de nombreux flash-backs.

J'ai été très emballé par la photographie qui se focalise beaucoup sur les jeux d'ombre et de lumière ce qui ramène, souvent, le récit en arrière-plan de la forme filmique - jouissif.

La petite scène de l'Internationale chantée par des enfants est superflue. Elle est hors-cadre.
Petite insertion ouvrière dans le monde bourgeois du Conformiste.

Un beau moment : la rencontre sensuelle des deux femmes lors d'un séjour dans le Paris de 1938. Inoubliable.

Dominique Sanda et Stefania Sandrelli

Les costumes et les décors sont époustouflants : un vrai plongeon dans le monde bourgeois des années 1930.

Berlin 1970. Deux prix pour le film.

Visionné, la première fois, le 28 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 447ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

24 mars 2025

446. Meirelles : La Cité de Dieu


Film brésilien réalisé en 2002 par Fernando Meirelles
Avec Matheus Nachtergaele, Seu Jorge, Alexandre Rodrigues, Leandro Firmino
D'après le roman éponyme (1997) de Paulo Lins. 

Le film relate une histoire vécue racontée par un des habitants de la favela Cidade de Deus, le romancier Paulo Lins.

Un grand film d'horreur. Un palmarès du meurtre. Le nombre de tués durant ces deux heures de ciné est incalculable. Aucun film de mafioso ni même de Tarantino n'atteint le dixième de ce massacre.

C'est sûr que c'est une prouesse de réalisation. Mettre en scène tous ces petits criminels (acteurs non professionnels formés pour le film) au nombre faramineux est un exploit en soi.

Mais on regrette que toutes ces tueries ne soient pas mises en contexte. Un peu de sociologie des bidonvilles auraient été souhaitable quitte à temporiser un peu les tueries. Bon, c'est peut-être évident pour les spectateurs brésiliens, quoique j'en doute tant il y a une frontière entre les classes pauvres des bidonvilles et les classes des quartiers de la ville.



La scène la plus insoutenable du film : Pour faire partie de la gang, il doit abattre un enfant.

Une conclusion désespérante. Une gang de pré-ados qui remplacent la gang d'adultes morts ou incarcérés pour s'emparer du quartier et qui établissent, déjà, une liste de personnes à abattre.

Un fait bizarre : aucun alcool chez ces gangs de rue. Pas une goutte d'alcool ne coule durant tout le film. Bon, d'accord, la mari et la cocaïne coulent à flot.

Le projet de la Cidade de Deus à Rio de Janeiro date des années 1960. Il devait servir à loger les plus démunis de la ville. Après quelques années, il devint le lieu le plus dangereux de Rio.

Je n'ai pas connu les favelas du Brésil mais j'ai connu, dans une autre vie, les ciudades perdidas (villes perdues) de Mexico. Dans un emploi lors d'un échange d'étudiants Canada-Mexique, je suis allé quelquefois dans ces bidonvilles avec des travailleurs sociaux, des médecins, des dentistes, des avocats qui faisaient tous, bénévolement, une fois par semaine, le dimanche, prestation de leurs services. Ces bidonvilles, établis en pleine ville, étaient entourés de murs de plus de 3 mètres de hauteur afin que les automobilistes qui les contournaient ne puissent les voir. Ces murs ont été construits en préparation des Jeux Olympiques de 1968 pour ne pas effrayer les touristes.

Visionné, la première fois, le 20 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 446ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

20 mars 2025

445. Hitchcock : Vertigo



Film américain réalisé en 1958 par Alfred Hitchcock
Avec James Stewart (Scottie), Kim Novak (Madeleine puis Jude), Barbara Bel Geddes (Midge), célèbre pour sa prestation dans la série télévisée Dallas.
D'après le roman D'entre les morts (1954) de Boileau-Narcejac écrit spécialement pour Hitchcock sans que celui-ci le sache.

Film envoûtant, s'il en est. 

Après un troisième visionnement, je suis toujours un peu ignorant quant au dénouement de ce film. Un meurtre d'accord, quoique pas très clair, mais la chute finale me laisse dubitatif au niveau de la logique. J'ai vu tous les films d'Hitchcock, c'est le plus ambigu et le plus invraisemblable pour moi mais aussi un de ses chefs-d'œuvre.

Un des éléments du film parmi les plus fascinant ce sont les balades que Scottie fait en auto dans les rues de San Francisco. Pendant une vingtaine de minutes, Scottie nous amène à travers la ville de San Francisco nous faisant, entre autre, découvrir une vue imprenable sur le Golden Gate Bridge.

Le Golden Gate Bridge et Madeleine s'apprêtant à sauter dans la baie.

Première séquence du film. Pas surprenant que Scottie soit devenu acrophobe.

On aurait dû se douter que la supposée Madeleine n'était pas l'épouse de celui qui a engagé Scottie pour la suivre. Pourquoi ce doute ? Le code Hayes interdisait de montrer l'adultère ou du moins invitait à le condamner ouvertement. Comme Scottie et Madeleine s'embrassent à qui mieux mieux, elle ne pouvait donc pas être mariée. CQFD. On devrait déjouer Hitchcock sur ce coup.

Une séquence dans le Muir Woods National Monument nous montre Scottie et Madeleine regardant les anneaux de croissance d'un tronc d'arbre sur lequel sont indiqués des faits historiques. Madeleine indique sur le tronc l'époque durant laquelle a vécu son personnage mystérieux, Carlotta Valdes auquel elle s'identifie... nécrophilie.

Lors d'un rêve fait par Scottie, on a droit à une séquence psychédélique digne de l'époque du Flower Power.

J'aime beaucoup le personnage de Midge, l'amoureuse déçue de Scottie, qui est le seul personnage ayant toute sa tête. Malheureusement, elle est sacrifiée dans la deuxième partie du film n'y faisant qu'une brève apparition.

La création de l'effet ''Vertigo''. Pour créer l'effet de vertige le caméraman utilise un zoom avant combiné avec un travelling arrière. On a utilisé l'effet Vertigo dans plusieurs films dont Les Dents de la mer et Le Seigneur des anneaux.

La musique de Bernard Hermann est aussi envoûtante que l'atmosphère qui traverse le film. Une œuvre de concert.

Ah oui ! Que pensez-vous du soutien-gorge en cantilever.....la même architecture que le pont de Québec ?

Je viens de lire le polar de Boileau-Narcejac pour débrouiller la séquence du meurtre et le dénouement final. Paris 1940. Madeleine a les cheveux noirs. Mais Hitchcock n'en a que pour les blondes, donc Kim Novak. Hitch. est très fidèle au roman : le meurtre n'est pas crédible. Une fin différente plus crédible dans le cas du roman. Absence du personnage de Midge dans le roman.

Sur le site ICheckMovies, Vertigo se retrouve sur 42 listes, le 2ème film le plus listé après 2001: A Space Odyssey (44 listes)

Vertigo, c'est aussi une très belle chanson de U2, groupe que j'aime.

Cahiers du Cinéma. L'un des 10 meilleurs films de l'année 1959.

Visionné, la première fois, le 19 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 445ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

15 mars 2025

444. Lloyd : Mutiny on the Bounty

 

Les Révoltés du Bounty

Film américain réalisé en 1935 par Frank Lloyd.
Avec Charles Laughton, Clark Gable, Franchot Tone, Herbert Mundin, Eddie Quillan, Movita Castaneda
D'après le roman éponyme (1932) de Charles Nordhoff et de James Hall.

Histoire d'une mutinerie sur un navire britannique, le Bounty, qui eut lieu le 28 avril 1789.

Je ne me fatigue pas de revoir ce film ou bien la version avec Marlon Brando. J'aime voir monter lentement la haine de l'équipage pour le commandant et la mutinerie conséquente.

De très belles séquences se passant à Tahiti (en fait, l'île Santa Catalina en face de Los Angeles) nous montrant la rencontre des Britanniques avec les jeunes Tahitiennes malgré une vision très stéréotypée des îles du Pacifique. Ce qui me fait penser à la chanson Emmenez-moi de Charles Aznavour dans laquelle il dit : Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil. Que j'ai donc détesté cette phrase qui est vraiment du n'importe quoi. Encore un stéréotype de la farniente du sud qui n'a pas besoin d'argent pour vivre. Dans mon cours sur le sous-développement, il me faisait plaisir de pourfendre cette chanson.

Les mutins, après être retourné à Tahiti, mettent le cap sur une île inconnue de la cartographie de l'époque, l'île Pitcairn. Les habitants, aujourd'hui au nombre de 50, sont des descendants des mutins et de leurs femmes tahitiennes. 

J'aime aussi voir la direction artistique : tous ces agrès et ces grandes voiles qui claquent au vent.

De prime abord, on peut être rebuté par le beau Clark Gable sans sa moustache et jouant un contre-rôle. Mais au fil de l'action, il s'impose.

Par ailleurs Charles Laughton en capitaine Bligh est criant de vérité. Il ne peut pas y avoir plus méchant et plus sadique.

Movita Castaneda qui interprète la jeune tahitienne est une actrice américaine d'origine mexicaine. Elle fut l'épouse de Marlon Brando de 1960 à 1962, année où il convolera avec une vraie tahitienne rencontrée sur le lieu de tournage du Mutiny on the Bounty. Il s'agit de Tarita Teriipaia.

Autres versions :
1916. The Mutiny of the Bounty réalisé par Raymond Longford. 7.7 sur IMDB
1933. In the Wake of the Bounty réalisé par Charles Chauvel. 4.7
Avec Mayne Linton et Errol Flynn.
1962. Mutiny on the Bounty réalisé par Lewis Milestone. 7.2
 Avec Trevor Howard, Richard Harris et Marlon Brando. 
1984. The Bounty réalisé par Roger Donaldson. 7.0
Avec Anthony Hopkins, Mel Gibson et Laurence Olivier

Oscars 1936. Meilleur film

Visionné, la première fois, le 17 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 444ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

08 mars 2025

443. Sturges : Gunfight at the O.K. Corral

 

Règlements de compte à O.K. Corral

Film américain réalisé en 1957 par John Sturges
Avec Burt Lancaster (Earp), Kirk Douglas (Doc), Rhonda Fleming, Jo Van Fleet (Kate), John Ireland, Dennis Hopper, Lee Van Cleef.

D'après le légendaire duel qui mit en scène deux camps opposés dans le O.K. Corral à Tombstone, Arizona le 26 octobre 1881. De multiples versions cinématographiques (au moins sept) ont reproduit ce duel entre le clan Earp (la loi) et le clan Clanton (les hors-la-loi).

Wyatt Earp, un héros civilisateur dans le monde chaotique de la Frontier. Ce film, c'est la glorification d'un mythe.

On a beaucoup parlé de ce duel qui marqua une étape importante dans le développement du western. Duel qui n'a duré qu'une quinzaine de secondes. Le film n'est pas fidèle à la réalité historique en le faisant durer une dizaine de minutes. John Ford disait : ''Lorsque la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende.''

C'est une horreur. Le traitement que Doc Holliday, alcoolique et tuberculeux, fait subir à Kate relève de la pure maltraitance. Une situation dominant-dominée qu'on rencontre assez souvent dans les westerns.

Le kitsch de la chanson-thème, interprétée par Frankie Laine, n'était pas nécessaire mais, comme il arrive souvent au cinéma, la controverse devint culte

Tombstone, à jamais la ville du western comme Monument Valley l'est sur le plan des paysages.

Soulignons, dans des rôles mineurs, la présence de Dennis Hopper, le jeune blanc-bec (Easy Rider) et Lee Van Cleef (films de Sergio Leone).

La meilleure version qui est plus près de la réalité historique : Tombstone réalisé en 1993 par George P. Cosmatos avec Kurt Russell et Val Kilmer

Visionné, la première fois, le 15 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 443ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

05 mars 2025

442. Renoir : La Règle du jeu


Film français réalisé en 1939 par Jean Renoir
Avec Marcel Dalio, Nora Grégor, Roland Toutain, Jean Renoir, Mila Parély, Julien Carette, Gaston Modot, Paulette Dubost.
Inspiré des Caprices de Marianne d'Alfred de Musset et du Mariage de Figaro de Beaumarchais.

Jean Renoir résume bien l'esprit du film dans cette phrase : ''C'est un monde où les gens dansent au bord d'un précipice, sans même le voir.'' On est à la veille du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le tournage ayant commencé en février 1939.

En ouverture, un beau reportage d'époque sur l'arrivée fictive d'un vol transatlantique en solo.

Un bel atelier sur le marivaudage. On pense souvent à Sourires d'une nuit d'été de Bergman. Un bel atelier aussi sur la décadence de la bourgeoisie et de l'aristocratie. 

L'antisémitisme de la bourgeoisie française traverse le film de manière sous-jacente. Quand on parle de Rosenthal, tous s'entendent autour de la table sur sa dépréciation. C'était de bon ton, à l'époque, pour une partie de la population de considérer les Juifs comme des étrangers de l'intérieur.

Le film a été jugé anti-français par la droite et il fut interdit sous Vichy.

La partie de chasse est intolérable à voir, avec nos valeurs d'aujourd'hui.

La profondeur de champ est l'outil privilégié de Renoir pour illustrer les chassés-croisés des bourgeois et des domestiques. L'utilisation de la profondeur de champ frôle la perfection.

Descendu en flammes par la critique officielle lors de sa sortie, il devint, après-guerre, grâce aux cinéphiles, l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma. Pour les membres des Cahiers du cinéma, La règle du jeu marque, à l'instar de Citizen Kane, la naissance du cinéma moderne.

Ce qu'on ne trouve nulle part sauf dans le Dictionnaire du cinéma de Jacques Lourcelles : Renoir a beaucoup emprunté au scénario d'un film d'Yves Mirande, Sept hommes... une femme.

Est-ce que c'est par snobisme de cinéphiles que nous retrouvons régulièrement ce film comme l'un des dix meilleurs films de l'histoire du cinéma?  Pour ma part, il fait partie des 1000 meilleurs films mais certainement pas des 10 meilleurs.

Est-ce utile de savoir que Coco Chanel a dessiné les costumes et qu'Henri Cartier-Bresson était un assistant à la réalisation?

Visionné, la première fois, le 8 mars 2007 sur DVD à Montréal.
Mon 442ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider.